Nicolas de Staël. Lumières du Nord. Lumières du Sud

du 07 juin au 09 novembre 2014

Nicolas de STAËL (1914-1955), Paysage, Antibes, 1955, huile sur toile, 116 x 89 cm. © MuMa Le Havre / Charles Maslard — © ADAGP, Paris, 2013
Nicolas de STAËL (1914-1955), Paysage, Antibes, 1955, huile sur toile, 116 x 89 cm. © MuMa Le Havre / Charles Maslard — © ADAGP, Paris, 2013
En 2009, le MuMa a vu ses collections s'enrichir d'une des dernières œuvres de Nicolas de Staël, Paysage, Antibes, grâce au don par Hélène Senn-Foulds de la collection de son père, Edouard Senn.

Trois ans avant qu'il ne réalise Paysage, Antibes, l'artiste venait en Normandie et peignait depuis Honfleur, cinq petites toiles représentant Le Havre... étroite ligne flottant entre un ciel immense et une mer sans fin.

Entre ces dates, 1952 et 1955, Nicolas de Staël se consacre avec ferveur au paysage, réalisant sur ce thème au cours des trois dernières années de sa vie, un peu plus de la moitié de son œuvre peinte. Le centenaire de la naissance de l'artiste (Saint-Petersbourg, 1914 - Antibes, 1955) donne l'occasion au MuMa de présenter pour la première fois une exposition dédiée au paysage dans l'œuvre de Staël.

Alors qu'au tournant des années 1950 la peinture abstraite que Staël a développée depuis 1942 connaît une première reconnaissance critique, le peintre évolue vers ce qui a pu être perçu comme un "retour à la figuration", puisant dans un rapport à la nature plus direct les sources d'une inspiration nouvelle. Cette évolution, au moment même où, en Europe et aux Etats-Unis, triomphent les abstractions, témoigne d'une trajectoire résolument libre, à l'écart des débats qui opposent l'abstraction à la figuration. Sans "rupture" avec l'abstraction ni "retour" à la figuration, mais dans un cheminement qui lui est propre, la peinture de Staël renoue pleinement à partir de 1952 avec les genres les plus classiques de l'histoire de l'art : le paysage, mais également le nu, ou la nature morte.

Pour Staël, la question du paysage n'est pas celle du pittoresque, ni de la représentation fidèle d'un site, mais celle d'un rapport au réel subjectif et absolu. Ainsi le paysage sera-t-il avant tout lumière, espace, émotion. Au terme de l'année 1951, où la réalisation de bois gravés pour Poèmes (le livre qu'il réalise avec René Char) accompagne une nouvelle conception de l'espace pictural, sa peinture s'ouvre pleinement aux lumières d'Ile-de-France, de Normandie, du Midi de la France ou de la Sicile. A l'occasion de voyages, il réalise des études peintes sur le motif, dessine au feutre ou au crayon, puis reprend parfois les compositions à l'atelier, dans une quête formelle continue, évoluant de peintures à la matière épaisse à des fluidités presque transparentes.

L'exposition «​ Nicolas de Staël. Lumières du Nord. Lumières du Sud » nous invite à mettre nos pas dans ceux du peintre. Paris et l'Ile-de-France, Honfleur, Villerville, Dieppe, Calais, Dunkerque, ou Gravelines au Nord ; Le Lavandou, Le Vaucluse, la Sicile, Uzès, ou Antibes au Sud sont ces lieux traversés par la vision de ce "nomade de la lumière" qui écrivait dès 1949 : « L'espace pictural est un mur, mais tous les oiseaux du monde y volent librement. A toutes profondeurs.»
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