Turner et la Seine

du 11 mars au 12 juin 2000

Cinquante ans avant l'impressionnisme, William Turner s'est inspiré des paysages de la vallée de la Seine. Voyageur infatiguable, il a recueilli pendant près de vingt ans les croquis qui lui ont permis de créer une vision de lumière où coexistent mordernité et histoire. 
Cette exposition, conçue par la Tate Gallery, est organisée en collaboration avec la Ville de Paris et The British Council. Elle a été présentée à la Tate Gallery de Londres du 29 juin au 3 octobre 1999 et au Pavillon des Arts à Paris, du 27 octobre 1999 au 30 janvier 2000.
Turner et la Seine
PRÉSENTATION

Né en 1775, Turner appartient à une génération d'artistes qui propulse la peinture anglaise sur le devant de la scène. À l'avant-garde d'une évolution du paysage qui s'écarte de la topographie ou du paysage historique, les aquarellistes anglais ouvrent une voie qui ne suscitera de véritable intérêt en France qu'une génération plus tard avec le romantisme.

À partir de 1792, Turner explore de nouveaux paysages découverts dans le Lake District, le Pays de Galles et l'Écosse, loin du classicisme des sites de l'Italie rendus inaccessibles par les guerres en cours en Europe. En 1802, le traité d'Amiens interrompt les hostilités. Pour la première fois, Turner vient sur le continent mais se dirige vers les Alpes. Une rapide visite au Louvre marque son passage à Paris. Entre 1802 et 1832, sept sur dix de ses voyages continentaux le mènent sur les rives de la Seine.

Combinant l'usage du bateau et de la diligence, Turner est un voyageur rapide, toujours en mouvement, attentif à de nouveaux points de vue. Contrairement à la Loire abordée en un seul voyage, sa connaissance de la Seine donne lieu à une lente sédimentation. Par trois fois, il emprunte le vapeur du Havre à Rouen, trajets qui lui permettront de donner une vision particulièrement détaillée de la Basse-Seine.

Si les séries anglaises du début de sa carrière, plus en rapport avec sa première formation de topographe, sont centrées sur les monuments, vers 1820 sa vision s'élargit. Turner trouve alors dans les fleuves, notamment la Tamise, l'expression d'un peuple et d'un pays. Il s'intéresse au Rhin dès 1817 et prépare de 1820 à 1824 la publication de The Rivers of England. En 1833, il publie Wanderings along the Loire, issu du voyage de 1826.

Les Annual Tours, fréquents dans l'Angleterre romantique, étaient de luxueux livres de voyages édités pour Noël. Les volumes de 1834 et 1835 rassemblent chacun vingt vues de la Seine, accompagnées d'un texte de Leitch Ritchie, auteur spécialisé dans ce type d'ouvrages. En 1837, John McCormick édita un nouveau portfolio, sans texte, The Rivers of France, qui rassemble la Loire et la Seine, et dont la diffusion, plus importante, fit connaître aux peintres et aux écrivains français tels Delacroix, Monet, Pissarro, Proust les gravures de Turner.
Les aquarelles de 1832-1833 furent peintes à l'atelier, dans l'optique de ces publications. Elles synthétisent les panoramas qui se suivent sur plusieurs pages des carnets de croquis. La plupart proviennent des collections de la Tate Gallery de Londres qui reçut en 1856 le legs du fonds d'atelier de l'artiste.

Pendant le premier quart du XIXème siècle, la Seine a attiré l'attention des peintres tant français que britanniques. Mais contrairement aux Antiquities of Normandy de John Sell Cotman ou aux Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France du Baron Taylor et de Charles Nodier publiés respectivement en 1822 et 1820, Turner choisit de privilégier le fleuve plutôt que les monuments et offre ainsi une vision originale où dominent le paysage, le rendu de l'atmosphère, et se rejoignent histoire et modernité.

Au moment où il compose les deux tomes des Turner's Annual Tour, Turner réalise un voyage idéal à partir des nombreux dessins pris sur le vif. Dans le premier volume, il suit la rive droite du fleuve du Havre jusqu'à Rouen et redescend la rive gauche jusqu'à Honfleur. Le deuxième tome remonte linéairement la Seine. La présentation de l'exposition suit le même principe et mène le visiteur dans un voyage continu de l'embouchure de la Seine jusqu'à Troyes.
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