Bill Culbert

du 26 avril au 24 juin 1990

Réalisée par la conservatrice du musée Geneviève Testanière avec le soutien de la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Haute-Normandie et en collaboration avec le British Council, cette exposition présente l'œuvre monographique de Bill Culbert.
Bill Culbert
COMMUNIQUÉ DE PRESSE

"L'aventure de la lumière
Comme beaucoup de peintres, Bill Culbert découvre la lumière dans le Midi de la France, en 1961, quand il y achète une vieille maison. Pour ne pas repartir à la conquête du cubisme, il devient sculpteur. Au lieu de transposer des effets de lumière sur l'espace plan de la toile, il en interroge la source même. Dans ses premières oeuvres, il étudie le point lumineux, sa projection, son mouvement sur la paroi d'une salle obscure ou construit des dispositifs de réflexion ou d'occultation du filament d'une lampe à incandescence. Dès le début des années 70, Culbert s'écarte des formes géométriques simples : sphères, cubes pour confronter la lumière à la présence chargée de vécu des objets quotidiens.

Un territoire
Ce néo-zélandais de Londres trouve en Provence un territoire, un atelier en plein air ; il étudie cet environnement au gré des jeux de l'ombre et de la lumière solaire, il scrute les replis du sol, les pierrailles, la rue du village, les recoins de la maison. Avant de devenir sculptures, les situations qui l'intéressent sont souvent expérimentées là et prises en photos. Pour Bill Culbert, la photo, avant d'être une technique de reproduction révèle le regard ; c'est pourquoi elle le dispute au dessin pour les études des lieux, des lumières, et des choses.

Un design à rebours
Avec une attention patiente, il découvre les objets et en piège le fonctionnement. Car dans ses objets à lui, il n'est plus guère de valeur d'usage. S'il arrive que la marque commerciale reste présente dans le titre de l'oeuvre c'est par une sorte d'hommage à l'existence antérieure de ceux-ci, de même qu'un certain intimisme transparaît dans les choses choisies : valises, bidons, brocs, tables, sièges ou dans la récurrence des souvenirs des années 50-60 ni trop récents ni trop éloignés de nous.
De la discrétion même de ces témoins, deux surprises naissent : la force du néon et la transformation par elle d'un simple bidon de détergent en image colorée d'une certaine préciosité. L'art de Culbert est de surprendre l'objet pour en exprimer une réalité plus profonde, pour lui redonner une véritable existence en interrompant la chaîne de production d'objets aussi interchangeables qu’éphémères. Dans cette suspension du temps de la consommation, l'objet devenu oeuvre d'art s'affirme comme l'un des pôles d'une relation binaire où il ne le cède en rien à la personne humaine.

Une oeuvre qui réagit
Néons, lampes, Bill Culbert utilise toujours des éléments standards, dans lesquels lumière et objet coïncident. Toutefois, comme un halo, la lumière outrepasse les limites de l'objet. Elle se joue des effets de redondance des reflets pour envahir l'espace et dans beaucoup d'oeuvres récentes, en souligne les tensions et les rythmes pour le soumettre à sa présence. Dans les reflets, sous certains angles de vue, dans la lutte des lumières artificielle et naturelle, Bill Culbert n'est pas sans susciter certaines illusions : effets de vitesse, de coloration, dessins inattendus qui rappellent les tours de magicien et le miroir sans tain, qui lui permettaient, dans les années 70, de surprendre avec une simple lampe les spectateurs. "

Commissariat :
Geneviève Testanière, Conservateur en Chef des Musées du Havre
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