David Boeno. 1/3 de jour, 2/3 de nuit

du 07 avril au 30 juin 1994

Le travail de David Boeno prend son origine dans la photo, il est centré sur le sens de la vue et ce qui la rend possible : la lumière. Artiste français, il utilise des techniques et des matériaux aussi variés que la photo, l'écran minitel, les miroirs, l'eau, les prismes de verre, la broderie et la tapisserie.
David Boeno. 1/3 de jour, 2/3 de nuit
DOSSIER DE PRESSE

"De nos jours, le regard est souvent artificiel, secondé d'instruments qui élargissent son champ ou confiné à la perception de l'image de synthèse. David Boeno, au contraire, restitue une vision à dimension humaine, celle du regard attentif.

L'œuvre de David Boeno n'est pas une création au sens romantique du terme mais une invention, au sens scientifique. Expérimentation, elle désigne un phénomène, et ce faisant, restitue la poésie et l'harmonie du monde, si présente dans les écrits, de l'Antiquité à l'Age classique (XVIIe siècle).

Son travail prend son origine dans la photo. Il est centré sur le sens de la vue et ce qui la rend possible : la lumière et exclut toute manipulation de matière. Ce n'est plus le film qui est impressionné mais, directement, la rétine du spectateur.
 
David BUENO (1965), Aristotéles, Historia de los animales 640a.. ©  Droits réservés
David BUENO (1965), Aristotéles, Historia de los animales 640a.. © Droits réservés
Cette vision est nourrie de textes de l'Antiquité, textes de la Bible et de la Kabbale, écrits de savants du XVIIe siècle. C'est ce que Boeno appelle "L'index" et ces citations sont autant de métaphores ou de descriptions de l'expérience visuelle et de la perception de la couleur. Ces textes classés par rubrique : "Ce que voit l'oeil fermé", "l'oeil éteint", "Ce que voit l'oeil dans la nuit"... Ils défileront sur les écrans de six minitels dans l'exposition.

Boeno utilise des techniques et des matériaux aussi variés que la photo, l'écran minitel, les miroirs et l'eau (pour leur propriété de réfléchir la lumière), la broderie au point de croix, la ficelle ou la tapisserie. La manufacture des Gobelins vient de réaliser avec lui une tapisserie de haute lisse, qui sera présentée pour la première fois au Havre. Dans toutes ces techniques, les lettres sont matérialisées par des points : points d’impression sur le minitel, laines de la tapisserie, points d'intersection de la lumière et des fils dans les pièces de "ficelle".

Pour lui, texte et expérience visuelle se superposent parfaitement et ont la même fonction : faire voir. "L'index-Eau", œuvre créée pour l'exposition réunit, sur des caissons lumineux, 300 diapositives de reflets de la lumière dans l'eau. Ainsi "L'index" peut-il être aussi visuel qu'écrit.

L'espace de l'exposition sera divisé en deux : un tiers de l'espace est transformé en pièce obscure, les deux tiers restant seront balayés par la lumière diurne qui entre par la large verrière de la façade Ouest du bâtiment. Comme dans "L'index", le visiteur pourra percevoir réellement ce que l'on voit dans le jour, et dans la nuit. Les pièces des deux parties se répondent symétriquement.

Les miroirs biseautés, côté jour, et le "Prisme-Aqueduc", côté nuit, révèlent les couleurs dans la lumière blanche.

Dans la première œuvre, douze miroirs biseautés de deux mètres de haut, placés sur trois murs perpendiculaires diffractent la lumière venant de la baie. Leur situation, (reflets directs de la baie, reflets des miroirs entre eux), permet au phénomène de diffraction d'accompagner le visiteur dans son déplacement dans l'espace. Côté nuit, "L'abreuvoir" prisme de verre rempli d'eau, diffracte la lumière recueillie au delà du mur de la salle obscure mais le phénomène, cette fois-ci, induit le visiteur à une approche linéaire.

Dans la partie diurne, les tirages photos d'écrans minitel, la tapisserie, centrés sur l'évocation de la couleur pourpre, "L'Index-Eau" répondent aux textes défilant sur les minitels et à la pièce de ficelle situé dans la partie obscure. Cette dernière pièce, d'une grande précision, est constituée de fils tirés verticalement du sol au plafond de la salle, et éclairés en certains points par des projecteurs. Elle écrit, "en l'air", une phrase du Zohar : "L'obscurité c'est le noir de l'écriture, la lumière c'est le blanc".

L'exposition sera accompagnée de la production d'une cassette sonore "à écouter dans le noir ou les yeux fermés" où seront enregistrées certaines parties de "L'index", chapitre par chapitre."

Commissariat :
Françoise Cohen, Conservatrice du musée des Beaux-Arts du Havre
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