Michael Craig-Martin

du 05 juin au 02 septembre 1991

L'œuvre de Michael Craig-Martin est présentée au Musée des Beaux-Arts du Havre en 1991. Cette manifestation s'insère dans une suite d'expositions, organisées depuis 1989 par le Musée des Beaux-Arts du Havre, qui ont pour mission de faire connaître certaines personnalités centrales de l'art britannique ou des aspects encore peu connus de leurs recherches.
Michael Craig-Martin
DOSSIER DE PRESSE

"Bien qu'il suive les cours de peinture à Yale University, les premiers travaux de Michael Craig-Martin le situe sur le terrain du volume. Il a depuis été régulièrement associé au développement de la sculpture britannique. Toutefois, à partir de 1978 apparaissent les dessins muraux. En 1989, Michael Craig-Martin revient au support peint. Le châssis épais de ces dernières oeuvres les détache du mur et met en évidence qu'un tableau, avant d'être une représentation, est aussi une chose. Les tracés abstraits ou figuratifs en réserve dans la couche picturale inverse la technique des dessins muraux réalisés en adhésif directement sur le mur.

D'une oeuvre à l'autre, il n'y a pas de rupture. L'oeuvre de Michael Craig-Martin est éminemment logique. Ainsi, il n'y a pas dans les dernières peintures de recherche d'individualisation de l'oeuvre; Michael Craig-Martin développe pleinement les combinaisons des éléments choisis dans l'oeuvre initiale : dimension du trait, relation des traits aux espacements, direction des lignes. L'exposition collant au mode de création présente les peintures par ensembles. Les liens de causalité aussi peuvent dépasser la traditionnelle antinomie abstrait-concret. Les "strores", si proches des peintures abstraites peuvent transmettre toutes les qualités de peinture: rythme linéaire, effets de pleins et de vides, champs colorés.

En 1975, Michael Craig-Martin présente un verre posé sur une étagère accompagné d'une auto-interview où il défend que cet objet peut être vu comme un chêne. Quand the Oak Tree, reparaît en 1991 contre trois supports (bleu, jaune, magenta) l'oeuvre décline à nouveau le thème de l'objet et de son interprétation artistique. En évoquant le processus mécanique d'analyse des couleurs utilisé dans l'impression, l'oeuvre devient image.
 
Vue scénographique de l'exposition Michael Craig Martin. Archives MuMa Le Havre. © Droits réservés
Vue scénographique de l'exposition Michael Craig Martin. Archives MuMa Le Havre. © Droits réservés
Des boites aux équilibres (volume), des néons aux dessins muraux (graphisme), des stores aux peintures (couleurs), tous les paramètres fondamentaux des arts plastiques sont expérimentés. L'artiste, c'est là son but, veut produire quelque chose d'aussi bon, d'aussi définitif que l'objet usuel. Il ne désire pas être l'intermédiaire. Les peintures ne laissent deviner ni pâte, ni touches; les phases de préparation des dessins muraux (dessin d'observation d'après l'objet, transfert sur un support transparent) n'apparaissent pas. Michael Craig-Martin choisit un dessin très factuel où la grande dimension désincarne l'objet. Ce n'est plus un marteau, mais le Marteau.

L'artiste ne désire pas transmettre une situation inédite que lui-même aurait préalablement vécu et qui serait hors de l'atteinte du spectateur. De là l'utilisation du miroir. Comment mieux interpeller le visiteur qu'en le confrontant à son propre reflet ? L'oeuvre doit être évidente: mise à plat que révèlent la transparence des objets superposés dans les dessins muraux ou la négation de l'effet de profondeur et de perspective dans certains néons ou jeux de miroirs. Si proche qu'elle soit du réel, l'oeuvre n'en reste pas moins irréductible au monde des objets, démonstration faite en 1975 avec The Oak Tree où la transmutation que fait subir l'art à l'objet n'est pas physique, loin de là. "

Commissariat :
Geneviève Testanière, Conservateur en Chef des Musées du Havre
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