Reynold Arnould et le nouveau musée du Havre (1952-1965)

du 07 décembre 2019 au 16 février 2020

A l’occasion du centenaire de sa naissance, le MuMa rend hommage à l’artiste Reynold Arnould qui fut également le premier conservateur du nouveau musée du Havre. Choisi pour imaginer et piloter le projet de reconstruction du musée des beaux–arts, détruit pendant la guerre, il demeure à la tête des musées de la ville de 1952 jusqu’en 1965, et marque durablement la politique muséale de la ville.
Par cette exposition, le MuMa souhaite témoigner de l’oeuvre de l’artiste bien sûr, mais aussi de l’action de celui qui fit renaître les musées havrais après la Seconde Guerre mondiale, imagina le nouveau musée des beaux-arts comme un des signes architecturaux forts de la ville reconstruite, et inspira un nouveau souffle contemporain à une collection qu’il voulait aussi exigeante et moderne qu’ouverte et accessible à tous les publics.
Reynold Arnould et le nouveau musée du Havre (1952-1965)
Reynold Arnould est né au Havre le 7 décembre 1919. Formé à Rouen où sa famille s’installe en 1925, il se révèle vite un jeune prodige de la peinture. Il étudie à l’école des beaux-arts de Rouen, auprès de Jacques-Emile Blanche ainsi qu’à l’école nationale supérieure des beaux-arts de Paris. Il remporte le second grand prix de Rome en 1938 puis le premier grand prix en 1939. La déclaration de la guerre l’empêche toutefois de rejoindre la Villa Medicis à Rome. Il se marie en 1945 à Marthe Bourhis et se rend une première fois aux USA au début de l’année 1946. De retour à Paris en 1947, il se lie aux artistes du groupe dit « de Puteaux » rassemblés autour de Jacques Villon et Frantisek Kupka et soutenus par le restaurateur Camille Renault. En 1950, Reynold et Marthe Arnould partent à Waco au Texas. Professeur invité puis directeur de l’école d’art de l’université Baptiste de Baylor, il travaille en lien avec Paul Baker qui y était professeur d’art dramatique.

Au Havre, la reconstruction de la ville a commencé et le directeur des musées de France, Georges Salles encourage le maire Pierre Courant à reconstruire dès que possible le Musée des beaux-arts, dont le bâtiment historique a été rasé par les bombardements. La personnalité de Reynold Arnould, sa naissance havraise, ses orientations artistiques ainsi que son expérience américaine font s’accorder les deux hommes qui lui confient alors la conservation des musées de la ville le 1er juin 1952.
Les préoccupations et les recherches artistiques de Reynold Arnould, tout autant que sa volonté d’ouvrir l’art et les collections au public le plus large possible vont l’inspirer pour imaginer une politique muséale innovante au Havre.
En même temps qu’il réalise un inventaire essentiel des collections, il ré-ouvre au public l’Hôtel Dubocage de Bléville, la Maison de l’Armateur et l’Abbaye de Graville tout en préparant, par une politique d’acquisition d’œuvres contemporaines, d’expositions temporaires et de programmations culturelles la ré-invention du nouveau Musée – Maison de la Culture du Havre, devenu plus tard le Musée Malraux puis aujourd’hui le MuMa–musée d’art moderne André Malraux.
 
Fernand LÉGER (1881-1955), Les Deux femmes sur fond bleu, 1952, huile sur toile, 54 x 65 cm. MuMa musée d'art moderne André Malraux, Le Havre, achat de la Ville, 1953. © MuMa Le Havre / David Fogel © ADAGP, Paris, 2013
Fernand LÉGER (1881-1955), Les Deux femmes sur fond bleu, 1952, huile sur toile, 54 x 65 cm. MuMa musée d'art moderne André Malraux, Le Havre, achat de la Ville, 1953. © MuMa Le Havre / David Fogel © ADAGP, Paris, 2013
En étroite relation avec les architectes qui construisent à l’entrée du port le bâtiment du nouveau musée, Reynold Arnould y insuffle non seulement un désir de modernité mais surtout l’ambition d’un lieu ouvert, à la scénographie innovante qui mène à l’art ceux qui en sont encore éloignés. Ses projets pour le musée comme pour ses expositions temporaires et itinérantes traduisent ses interrogations et ses préoccupations vers l’éducation populaire qui rencontrent alors les ambitions d’André Malraux pour les Maisons de la Culture : comment présenter les œuvres d’art, comment montrer la peinture moderne : quels dispositifs pour porter l’art vers les lieux où on ne l’attend pas (les écoles, les usines, la rue…), comment aller à la rencontre des publics qui ne poussent pas facilement les portes des institutions culturelles et les inviter à venir … des questionnements qui sont encore moteurs dans les actions des musées aujourd’hui.

Travailleur infatigable, Reynold Arnould poursuit en parallèle son œuvre d’artiste et mène de nombreux projets d’exposition (dont l’ambitieuse Forces et Rythmes de l’Industrie (1959)) et de décors monumentaux qui traduisent cette même préoccupation de porter à la rencontre de tous un art aussi exigeant que populaire, donnant à voir la dynamique poétique du monde moderne et contemporain.
 
Organisée principalement autour des collections du musée, enrichies de prêts issus de collections privées, l’exposition a pour objectif de mettre en regard l’œuvre propre de Reynold Arnould des années 1950 et 1960 avec ses choix d’acquisitions contemporaines pour le musée. Dans ces rencontres et dialogues d’œuvres et d’artistes rassemblés par des affinités plastiques, des réseaux d’amitiés ou des pensées communes, formes et techniques s’y croisent et s’y unissent autour de l’ambition commune d’expliquer et d’éclairer par l’art le monde moderne.