Nuits électriques

du 03 juillet au 29 octobre 2020

Vous avez été très nombreux, pendant tout l’été et en ce début d’automne, à venir découvrir  Nuits électriques, et à partager avec nous le plaisir ressenti lors de cette visite. Un grand merci AUX PrÊTEURS, à nos 34959 visiteurs et à la presse qui, elle aussi, a unanimement salué la qualité de cette exposition qui restera, à tous égards, un moment bien particulier  dans la vie du MuMa.

Conformément aux directives gouvernementales de lutte contre la propagation du virus Covid-19, le MuMa a fermé ses portes le jeudi 29 octobre à 18h.

Siècle majeur de transformations, le XIXe siècle voit le paysage nocturne évoluer radicalement avec l’apparition de l’éclairage artificiel. Longtemps obscure, la nuit s’illumine progressivement, se parant d’ambiances plus variées. Jeux d’ombres et de lumières, clair-obscur, contre-jour, premières publicités au néon… un nouvel éventail d’expériences visuelles apparaît, teinté d’une magie et d’une poésie propre au monde de la nuit.
Entre fascination, admiration, curiosité et nostalgie, ces métamorphoses nocturnes marquent fortement les artistes. Partout en Europe, peintres, graveurs, photographes, les plus ouverts aux manifestations de la modernité, en font un sujet de prédilection. Avec Nuits électriques, le MuMa explore pour la première fois cette question de la perception de l’éclairage artificiel urbain par les artistes de la seconde moitié du XIXe siècle jusqu’à la veille de la Première Guerre mondiale.
Nuits électriques
Au fil d’un parcours riche de 150 œuvres et 70 artistes, des peintres français majeurs tels Monet, Pissarro, Vallotton, Toulouse-Lautrec, Steinlein, Bonnard, van Dongen, Sonia Delaunay… côtoient leurs homologues européens moins connus du public français comme le Suédois Eugène Jansson, le Britannique Atkinson Grimshaw ou encore l’Espagnol Darío de Regoyos. Leurs représentations de ces nouvelles expériences lumineuses révèlent en creux leurs préoccupations au cœur d’une période de profonds bouleversements. Ainsi réunies, ces œuvres invitent à réfléchir, plus largement, à notre rapport intime à la nuit, tout en offrant une matière toute contemporaine à notre méditation.
 
Henri de TOULOUSE-LAUTREC (1864-1901), L'Aube, revue illustrée, 26 quai d'Orléans, 1896, lithographie en deux couleurs. Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie. © Gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Henri de TOULOUSE-LAUTREC (1864-1901), L'Aube, revue illustrée, 26 quai d'Orléans, 1896, lithographie en deux couleurs. Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie. © Gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Le réverbère, icône de la « ville lumière »
L’arrivée de l’éclairage urbain modifie fortement l’apparence des centres-villes. De nouvelles silhouettes apparaissent : celles des réverbères, becs à gaz et autres globes électriques qui illuminent les rues des grandes villes. Les artistes, sensibles à ces transformations, intègrent ces nouveaux motifs à leurs compositions en leur réservant bientôt une place en majesté. La grande variété des formes des réverbères est quant à elle somptueusement révélée par la première série photographique que lui consacre Charles Marville. Le réverbère devient un symbole de modernité et une icône de la « ville lumière ».

Un paysage nocturne encore très contrasté
Malgré l’apparition de l’éclairage artificiel, l’ambiance de la nuit reste contrastée. L’obscurité demeure par endroits. Au Paris lumineux s’oppose un Paris ombreux, celui des quartiers populaires, de la périphérie, où l’éclairage est beaucoup plus rare, inégal et discontinu. Selon leur sensibilité, les artistes restituent la flamboyance des quartiers du Paris festif et marchand, tandis que d’autres s’attachent à évoquer la noirceur des bas-fonds.
 
Eugène JANSSON (1862-1915), Nocturne, 1900, huile sur toile, 136 x 151 cm. Gothenburg, Museum of Art, Suède. © Hossein Sehatlou - Göteborgs konstmuseum - 2015 / GKM 0315
Eugène JANSSON (1862-1915), Nocturne, 1900, huile sur toile, 136 x 151 cm. Gothenburg, Museum of Art, Suède. © Hossein Sehatlou - Göteborgs konstmuseum - 2015 / GKM 0315
Nouvelles expériences visuelles
La traversée nocturne de la ville engendre des expériences visuelles nouvelles et variées auxquelles, les artistes qui mettent la lumière au centre de leurs préoccupations, ne peuvent rester indifférents. Chaude ou froide, aveuglante ou douce, fixe ou mobile, la lumière, qu’elle soit au gaz ou à l’électricité, varie et modifie son environnement. Les rues lumineuses jouxtent d’autres plus sombres, et la Ville Lumière se révèle beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît. Bientôt la nuit deviendra colorée sous l’effet des premiers néons publicitaires.

Rêveries nocturnes
Mais les métamorphoses de la nuit n’engendrent pas qu’enthousiasme et fascination chez les artistes. L’effacement progressif de l’obscurité naturelle sous l’effet des lumières électriques de plus en plus présentes devient une source d’inquiétude pour certains. Dès lors, les symbolistes inventent une ville imaginaire, faite d’obscurité et de silence, où la nuit redevient un espace de rêverie.

Les nocturnes photographiques
Dans les dernières années du XIXe et au début du XXe siècle, la photographie puis le cinéma ouvrent une nouvelle voie dans la représentation de la nuit. Les jeux de contrastes permis par la lumière artificielle offrent aux photographes une opportunité inédite de capter la vie nocturne. Les premiers cinéastes quant à eux, disposent avec l’électricité d’un outil unique pour développer leurs techniques. Pour autant, ils devront avoir recours au subterfuge de la nuit américaine pour représenter les scènes nocturnes.
 
Piet VAN DER HEM (1885-1961), Moulin rouge, vers 1908-1909, huile sur toile, 81 x 100 cm. Collection particulière, courtesy Mark Smit Kunsthandel, Pays-Bas. © Droits réservés / courtesy Mark Smit Kunsthandel, Pays-Bas
Piet VAN DER HEM (1885-1961), Moulin rouge, vers 1908-1909, huile sur toile, 81 x 100 cm. Collection particulière, courtesy Mark Smit Kunsthandel, Pays-Bas. © Droits réservés / courtesy Mark Smit Kunsthandel, Pays-Bas
La lumière consacrée / la lumière en majesté
À la veille de la Première Guerre mondiale, l’éclairage électrique s’est imposé partout, même si le gaz continuera encore à alimenter les réverbères pendant l’entre-deux-guerres. Fascinés par toutes les manifestations de la vie moderne, les artistes d’avant-garde regardent alors la nouvelle lumière en face, pour en saisir jusqu’à l’éblouissement l’énergie pure. Les oeuvres se déconstruisent, et deviennent alors d’abstraits jeux de couleurs à l’instar du prisme lumineux.

Pourquoi une telle exposition au Havre ?
La ville-port du Havre a été pionnière à plusieurs égards dans l’histoire de l’éclairage urbain. Les phares de la Hève sont ainsi parmi les tout premiers au monde à se doter, en 1863, de l’éclairage électrique à arc. Dès 1889, Le Havre est l’une des premières villes à préférer l’électricité au gaz en concédant l’alimentation de son réseau à une société qui prend alors le nom de Société Havraise d’Énergie Électrique. Mais Le Havre a également prêté son cadre à l’une des premières et très rares représentations impressionnistes de la nuit : en 1872, Claude Monet y exécute Le Port du Havre, effet de nuit (collection particulière) exceptionnellement présentée dans l’exposition.

Depuis une vingtaine d’années, le MuMa développe une partie de sa programmation d’expositions à partir d’oeuvres majeures de ses collections XIXe, en interrogeant la manière dont les artistes se saisissent des transformations de leur environnement ou de la connaissance que la science leur en apporte, pour tirer parti de nouvelles expérimentations esthétiques. Nuits électriques s’inscrit donc dans le prolongement d’expositions telles que Vagues. Autour des paysages de mer de Gustave Courbet (2004), Sur les quais. Ports, docks et dockers (2008), Nuages…là-bas les merveilleux nuages. Autour des études de ciel d’Eugène Boudin. Hommages et digressions (2009), et plus récemment Né(e)s de l’écume et des rêves (2018).

Commissariat :
Sous le commissariat d’Annette Haudiquet, directrice du MuMa

L’exposition réunit un ensemble inédit de peintures, photographies, aquarelles, gravures, films, en provenance de grandes collections publiques et privées françaises et étrangères (Musée d’Orsay, Bibliothèque nationale de France, Centre Georges Pompidou, Cinémathèque française, Musée des Beaux-Arts de Reims, Fondation Bemberg à Toulouse, Musée Thyssen-Bornemisza, Petit Palais-Genève, Musée des Beaux-Arts de Göteborg…).
 
 
Cette exposition est reconnue d’intérêt national par le Ministère de la Culture/Direction générale des patrimoines/Service des musées de France. Elle bénéficie à ce titre d’un soutien financier exceptionnel de l’État.
 
Cette exposition est organisée dans le cadre du Festival Normandie Impressionniste 2020.
 
Cette exposition s’inscrit dans la programmation d’Un Eté Au Havre 2020, saison estivale culturelle sous la direction artistique de Jean Blaise et coordonnée par le GIP Un Eté Au Havre.
 
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