Des Dieux et des Hommes

du 15 février au 23 avril 2001

Le musée Malraux accueille une sélection de cinquante-sept œuvres du premier tiers du XIXème siècle, tableaux et dessins de la collection des musées d’Angers. 
Des Dieux et des Hommes
Ouvert en 1801 grâce aux apports de collections locales et d’envois de l’Etat, le musée des Beaux-Arts d’Angers témoigne de la vitalité des artistes angevins qui, comme Lancelot Théodore Turpin de Crissé, David d’Angers, Guillaume Bodinier, Jules-Eugène Lenepveu ont collectionné pour leur plaisir et leur formation les œuvres des Maîtres contemporains.

Centrée sur le néoclassicisme, cette exposition permet de pénétrer dans les ateliers des artistes actifs à Paris et à Rome autour de David, Guérin, Ingres, David d’Angers. Elle est l’occasion de découvrir l’étonnante modernité des études peintes par Bodinier et Lenepveu durant leurs séjours italiens.

Le néoclassicisme est souvent critiqué pour sa froideur. Sans rien abandonner de la perfection formelle du trait et de la couleur, l’exposition le montre aussi comme le creuset d’un romantisme consacré à l’expression des passions.

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Le musée Malraux du Havre accueille un ensemble de 27 peintures et 27 dessins centré sur le néo-classicisme provenant des collections des musées d'Angers, le musée des Beaux-Arts de cette ville étant fermé pour travaux. Ouvert le 5 mai 1801, le musée de peinture de l'École centrale du Maine et Loire compte parmi les premiers musées créés en France à partir des saisies révolutionnaires. Il joue pleinement son rôle dans la diffusion et la transmission de la nouvelle esthétique, incarnée par la personnalité emblématique de Jacques Louis David, peintre du Serment des Horaces, dont l'éclosion accompagne les changements politiques.

Durant la première moitié du XIXème siècle, plusieurs personnalités de premier plan placent le milieu angevin au centre d'une nébuleuse d'artistes qui reçoivent à Paris leur premier enseignement dans l'atelier de David lui-même ou de ses principaux élèves et fréquentent Rome : le sculpteur Pierre-Jean David, dit David d'Angers (1788-1856), Guillaume Bodinier (1795 – 1872), Jules-Eugène Lenepveu (1819-1898), directeur de l'Académie de France à Rome. Grand collectionneur, Lancelot-Théodore Turpin de Crissé (1782-1859), Inspecteur général des Beaux-Arts pendant la Restauration ne reçoit pas de formation académique mais fait de nombreux séjours en Italie. Peu connus pour certains, ces artistes étonnent par la modernité de leurs recherches telle cette étude de Femme donnant à boire à un joueur de mandoline de Bodinier qui passe au sein d'une même composition de l'esquisse la plus légère au modelé le plus illusionniste.

Tous ces artistes copient ou collectionnent pour leur plaisir et leur formation les oeuvres des maîtres contemporains. Leurs dons rejoignent dans la constitution des musées d'Angers la collection du marquis de Livois, amateur d'Ancien Régime ou confortent l'action éclairée du botaniste Louis-Marie La Revellière-Lépeaux qui, membre du Directoire, favorisa les envois de l'État vers le musée de sa ville.

Le premier apprentissage académique des artistes porte sur la figure humaine. Plus tard, artistes confirmés, ils ordonnent leurs compositions autour de personnages qui font l'objet d'études séparées telles L'Étude pour la figure de Sabine de David, les Tragiques grecs d'Ingres, les Deux hommes luttant de Géricault, La Mort d'Epaminondas de David d'Angers. L'histoire antique offre souvent au peintre des scènes d'une violence exacerbée et leur permet d'illustrer des passions dévorantes dont la traduction figurée met en évidence le lien du néo-classicisme avec le romantisme comme la Jalousie et La Mort de Priam de Pierre Narcisse Guérin. Jean Dominique Ingres, classique par excellence, est aussi l'auteur de petites scènes historiques plus intimes qui entrent dans la catégorie de la peinture troubadour comme Paolo et Francesca, dont le sujet est tiré de la Divine Comédie de Dante, et une des oeuvres majeures du musée d'Angers.

Les rencontres des amateurs et des artistes sont rendues perceptibles au sein de l'exposition par l'ensemble de portraits qui y figurent : Portrait de La Revellière-Lépeaux (1795) par le Baron Gérard dont la précision est rehaussée de la participation du peintre d'origine flamande Gérard van Spaedonck pour les fleurs du premier plan et où s'expriment la position sociale et la passion scientifique du modèle, portraits d'artistes qui témoignent de ces échanges d'amitié (portraits de Guillaume Bodinier par Hyppolite Flandrin, de David d'Angers par Lehmann) dont le plus ancien témoin dans l'exposition est le portrait à la sensibilité frémissante de David enfant par son maître Joseph-Marie Vien. Art du trait, du modelé subtil, le néo-classicisme trouve dans le réalisme du portrait un terrain de prédilection.

Cette exposition permet de confronter deux traditions du paysage du XIXème siècle. Jusqu'au milieu du XIXème siècle, le séjour d'Italie est le complément nécessaire à la formation des artistes. Les études peintes ou dessinées dans la campagne romaine, à Capri, Sorrente, Pompéi illustrent les promenades des jeunes artistes à la poursuite des vestiges antiques ou charmés par les scènes intimes d'une Italie moderne, plus quotidienne. Les ruines pleines de fantaisie de Jean Barbault, collaborateur de Piranèse, la simplicité des études de Corot et Vianelli, les scènes plus composées de Turpin de Crissé et Caruelle d'Aligny sont les illustrations d'un genre qui va s'imposer avant que n'éclate sa prééminence dans la deuxième moitié du siècle, un sujet au centre des collections permanentes du musée Malraux.
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