Nicolas de Staël. Lumières du Nord. Lumières du Sud

du 07 juin au 09 novembre 2014

« L’espace pictural est un mur, mais tous les oiseaux du monde y volent librement. À toutes profondeurs ». Nicolas de Staël, 1949

Sur le motif, "à ciel ouvert"

Nicolas de STAËL (1914-1955), Les Toits, 1952, huile sur isorel, 200 x 150 cm. Paris, musée national d’art moderne (MNAM) — Centre Pompidou. © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Bertrand Prévost — © ADAGP, Paris, 2014
Nicolas de STAËL (1914-1955), Les Toits, 1952, huile sur isorel, 200 x 150 cm. Paris, musée national d’art moderne (MNAM) — Centre Pompidou. © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Bertrand Prévost — © ADAGP, Paris, 2014
Les Toits, œuvre désignée également sous le nom de "Ciel" ou "Ciel de Dieppe", commencée en 1951 et achevée en janvier 1952, est un jalon essentiel dans l'évolution de Staël vers une nouvelle pratique. Au-dessus d'une plage de galets ou de "toits" qui ont la densité et la matérialité des "pavés" des compositions antérieures, s'ouvre l'horizon d'un ciel haut et profond, aux tonalités grises et bleues. À partir de mars 1952, éprouvant le besoin d'accorder sa vision au monde extérieur, Staël réalise de nombreuses études à l'huile sur le motif, d'abord dans les environs de Paris, à Gentilly, dans la vallée de Chevreuse, à Mantes-la-Jolie, ou à Fontenay-Mauvoisin chez son ami Jean Bauret, collectionneur, ami attentif qui l'encourage à "prendre exemple sur les formes picturales de la nature". Entre abstraction et figuration, ces œuvres accompagnent l'évolution du peintre, qui va bientôt l'amener, à la recherche de nouvelles lumières, en Normandie et dans le Sud de la France.
 

Mers, ciels, nuages

Nicolas de STAËL (1914-1955), Mer et nuages, 1953, huile sur toile, 100 x 73 cm. Collection privée. © J. Hyde — © ADAGP, Paris, 2014
Nicolas de STAËL (1914-1955), Mer et nuages, 1953, huile sur toile, 100 x 73 cm. Collection privée. © J. Hyde — © ADAGP, Paris, 2014
L'œuvre de Staël comporte une quarantaine de paysages inspirés par la côte Normande, de Honfleur ou Villerville à Dieppe et Varengeville, où il rendait régulièrement visite à son ami, le peintre Georges Braque. Dans ces marines peintes dans des tonalités le plus souvent tendres, grises ou bleues, la structure d'horizon départage la mer et le ciel. Comme dans les œuvres des paysagistes hollandais du XVIIe siècle que Staël admirait, le ciel occupe la place prépondérante. Les formes semblent se dissiper dans une épaisse matière posée en bandes horizontales, qui évoque le mouvement de la mer et des nuages, et les variations de la lumière.

Face au Havre

Nicolas de STAËL (1914-1955), Face au Havre, 1952, huile sur carton, 14 x 22 cm. Collection privée. © J.L. Losi — © ADAGP, Paris, 2014
Nicolas de STAËL (1914-1955), Face au Havre, 1952, huile sur carton, 14 x 22 cm. Collection privée. © J.L. Losi — © ADAGP, Paris, 2014
Au printemps 1952, à l'occasion d'un bref séjour à Honfleur, Nicolas de Staël réalise cinq petites peintures intitulées "Face au Havre". Une seule a pu être présentée dans l'exposition. Trois demeurent non localisées et la dernière, conservée au Sprengel Museum d'Hanovre, est trop fragile pour pouvoir être prêtée.

L'œuvre présentée ici, peinte pour René Char, est un témoignage exceptionnel de la fécondité de cette amitié et de la présence de Staël sur la côte Normande, au moment où le peintre porte un nouveau regard sur le paysage.

Le Nord, un dernier été

Nicolas de STAËL (1914-1955), Calais, 1954, huile sur toile, 46 x 61 cm. Collection privée. © J.L. Losi — © ADAGP, Paris, 2014
Nicolas de STAËL (1914-1955), Calais, 1954, huile sur toile, 46 x 61 cm. Collection privée. © J.L. Losi — © ADAGP, Paris, 2014
À l'été 1954, Staël passe par Paris où il réalise notamment des vues nocturnes du Pont Saint-Michel et du Pont-Marie. Il se rend également sur la côte de la Manche et au bord de la mer du Nord, désireux de changer de lumière, cherchant à renouveler sa vision. Il dessine et réalise un ensemble de marines aux fluidités sourdes, à la matière presque transparente, inspirées par les falaises découpées des caps Blanc-Nez et Gris-Nez, la plage de Calais, Petit-Fort-Philippe, le chenal de Gravelines ou le port de Dunkerque.