Eugène Boudin, l’atelier de la lumière

du 16 avril au 26 septembre 2016

« Dans ce moment, la grande préoccupation c’est le Salon  qui nous absorbe tous, petits et grands, car c’est l’arène où l’on combat sous les yeux d’un vrai public... »
Eugène BOUDIN (1824-1898), Le Pardon de Sainte-Anne-la-Palud au fond de la baie de Douarnenez (Finistère), 1858, huile sur toile, 87 x 146,5 cm. © MuMa Le Havre / Florian Kleinefenn
Eugène BOUDIN (1824-1898), Le Pardon de Sainte-Anne-la-Palud au fond de la baie de Douarnenez (Finistère), 1858, huile sur toile, 87 x 146,5 cm. © MuMa Le Havre / Florian Kleinefenn
Boudin expose pour la première fois au Salon en 1859 (Le Pardon de Sainte-Anne-la-Palud au fond de la baie de Douarnenez (Finistère), MuMa). En 1863, il est l’un des innombrables « refusés » par un jury particulièrement sévère. Si Boudin vit difficilement ce refus (« Il est vrai que depuis mes tableaux ratés du Salon je suis resté dans une sorte de dégoût pour la chose… »), il ne présente pas moins, chaque année, une ou plusieurs œuvres qui sont désormais toujours acceptées. Néanmoins, on se garde de lui remettre la médaille de troisième classe, laquelle exempte le peintre d’avoir à soumettre ses œuvres au jury. Car on se méfie des tendances novatrices de Boudin, de sa volonté de donner à l’œuvre finie l’apparence d’une esquisse.

Chaque année, la préparation des œuvres destinées au Salon est un moment important pour Boudin. La tension est d’autant plus forte qu’il s’y prend tardivement : « On s’occupe du salon en ce moment et comme toujours je suis en retard ». À sa décharge, l’absence d’atelier ne lui facilite pas les choses : « depuis une dizaine de jours je travaille à mon malheureux tableau de salon et cela dans des conditions de jour impossibles… C’est une tentative absurde de vouloir travailler dans de telles proportions et dans un pareil trou… ». Néanmoins, pressé par le temps, et soucieux de laisser aux œuvres « finies » l’esprit éphémère de l’esquisse, Boudin peint la plupart des œuvres de Salon en moins de trois semaines.

En 1881, Boudin obtient enfin cette fameuse médaille, dite « des débutants » ; il a cinquante-sept ans et il expose depuis vingt-et-un ans au Salon ! Quoiqu’il en soit, c’est le début de la reconnaissance officielle. Au cours des années suivantes, l’État achète plusieurs de ses œuvres présentées au Salon. En 1889, à l’occasion de l’exposition universelle, il obtient une médaille d’or. Néanmoins, l’année suivante, il abandonne le Salon pour rejoindre la Société nationale des Beaux-Arts, dissidente. C’est là qu’il exposera désormais, jusqu’à sa mort.
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