ARNOULD, Esso

Reynold ARNOULD (1919-1980), Esso, 1957, graphite et feutre noir sur papier vélin, 25 x 40 cm. Le Havre, musée d’art moderne André Malraux, don de Marthe Arnould 1981. © 2016 MuMa Le Havre / Charles Maslard
Reynold ARNOULD (1919-1980)
Esso
1957
graphite et feutre noir sur papier vélin
25 x 40 cm
Le Havre, musée d’art moderne André Malraux, don de Marthe Arnould 1981
© 2016 MuMa Le Havre / Charles Maslard
Reynold ARNOULD (1919-1980), Derrick, circa 1958-1959, feutre sur papier, 26 x 33 cm. Le Havre, musée d’art moderne André Malraux, don Marthe Arnould, 1981. © 2016 MuMa Le Havre / Charles Maslard
Reynold ARNOULD (1919-1980)
Derrick
circa 1958-1959
feutre sur papier
26 x 33 cm
Le Havre, musée d’art moderne André Malraux, don Marthe Arnould, 1981
© 2016 MuMa Le Havre / Charles Maslard
Le premier dessin, qui représente les torchères du champ pétrolier d’Esso à Parentis, constitue la première étape d’un travail qui mène à une huile conservée par l’entreprise Esso-France : Torche P. 101 à Parentis (n° 71 au catalogue de l'exposition Forces et rythmes de l'industrie, 1959). Celle-ci, qui fait partie des quatre acquises par l’entreprise en contrepartie du mécénat accordé au peintre, se trouve dans ses locaux sur le site de La Défense à Paris. On dispose également sur ce motif d’un dessin au feutre plus stylisé et d’une aquarelle (collection particulière).
 
Ce dessin est particulièrement intéressant par les annotations manuscrites du peintre qui y figurent. Il fait partie des croquis qui attestent d’une présence indiscutable d’Arnould sur le site et d’un travail préparatoire sur place, alors que d’autres œuvres ont été inspirées par des photographies. Le peintre note des indications de couleur : « gris, noir, blanc, fumée sombre » au sommet du panache, « rouge volcan » à sa base, mais aussi des indications de mouvement : « sens du vent », comme il le fit aussi pour le sens de rotation de machines. Il inscrit le site industriel dans le paysage des Landes : « sable », « arbres du paysage ».  Il donne des indications techniques : « torchère horizontale », c’est-à-dire située au niveau du sol, « arrivée des tubes », « trois tubes amènent les gaz et bouffées de pétrole ». Esso ne voyait apparemment alors pas d’objection à une telle représentation de sa contribution à la pollution industrielle... Enfin, Arnould dessine une silhouette et souligne par une indication manuscrite la présence des hommes sur ce volcan artificiel.
 
Le second dessin représente un derrick du gisement de Parentis. Il a manifestement été réalisé lors de la même visite du site et porte également des inscriptions manuscrites. Le MuMa possède deux autres dessins représentant le dessous du derrick, dont l’un a directement inspiré l’huile conservée au MuMa sous le titre Derrick (n°7 au catalogue de l'exposition Forces et rythmes de l'industrie, 1959). Reynold Arnould, qui a séjourné au Texas de 1949 à 1952, devait être familier de ces paysages pétroliers que l’on ne s’attend pas à voir en France. Le gisement pétrolier de Parentis-en-Born (Landes), découvert en 1954, faisait l’objet d’une exploitation massive depuis 1957. Ce petit Texas français était alors un haut lieu du tourisme industriel en dépit de sa relative modestie : « La mise en valeur de ce gisement d’importance moyenne n’a pas apporté dans le pignada landais du Born la révolution que certains esprits imaginatifs se plaisaient à annoncer en 1954. Si les derricks ont grande allure au-dessus de la forêt landaise, ils ne sont pas très différents vus de loin des tours de guet métalliques qui servent à la défense contre l’incendie. Il n’y en a jamais eu que trois ou quatre en cours d’opération dans le même temps, si bien qu’on n’a jamais vu en Born cette « forêt de derricks » qui caractérise certains secteurs du Texas, de la Californie ou du Venezuela[1]». L’enjeu pour Esso de l’exploitation de ce gisement était aussi de soigner son implantation commerciale en France. Il est significatif que ce soit la seule entreprise à capitaux étrangers parmi les mécènes d’Arnould. Le pétrole était expédié par la mer depuis le port d’Ambès jusqu’à la raffinerie de Port-Jérôme dans la basse vallée de la Seine, jusqu’à l’ouverture, en 1959, d’une raffinerie à Ambès. Reynold Arnould a suivi le trajet de ce pétrole, puisqu’il a également représenté le port pétrolier et la raffinerie de Port-Jérôme.

Traitement des gaz-Port-Jérôme
Reynold ARNOULD (1919-1980), Esso, traitement des gaz à Port-Jérôme, vers 1958-1959, fusain sur papier vélin gris, 48 x 58,8 cm. Le Havre, musée d’art moderne André Malraux, don Marthe Arnould, 1981. © 2015 MuMa Le Havre / Charles Maslard
Reynold ARNOULD (1919-1980), Esso, traitement des gaz à Port-Jérôme, vers 1958-1959, fusain sur papier vélin gris, 48 x 58,8 cm. Le Havre, musée d’art moderne André Malraux, don Marthe Arnould, 1981. © 2015 MuMa Le Havre / Charles Maslard
Ce dessin au fusain doit être considéré comme une œuvre aboutie. Il est signé et figure au catalogue de l’exposition Forces et rythmes de l’industrie sous le numéro 209. Le travail d’abstraction est ici bien entamé, même si l’on parvient à reconnaître encore assez distinctement des structures d’une usine-tuyau, comme, ici, une raffinerie de pétrole. On ne trouve pas dans le catalogue d’huile associée. L’installation est clairement définie par son titre : « traitement des gaz ». Il s’agit d’une unité destinée à réduire les nuisances dans le rejet des gaz résiduaires.

[1] Henri Enjalbert, « Parentis », Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest. Sud-Ouest Européen, Année 1957 28-1 pp. 35-59 : 55.

Notice établie par François Vatin, auteur avec Gwenaële Rot de l'ouvrage Reynold Arnould. Une poétique de l'industrie, Paris, Presses universitaires de Nanterre, 2019 

Œuvres commentées : Arts graphiques (31)

Pablo PICASSO (1881-1973), Le mendiant, 1904, aquarelle sur papier, 36 x 26 cm. © MuMa Le Havre / Charles Maslard — © Succession Picasso, 2013
Edgar DEGAS (1834-1917), Étude de draperie. Étude pour Sémiramis construisant Babylone, ca. 1860-1862, graphite, pierre noire et gouache blanche, sur papier vergé gris-bleu, 32,8 x 31,3 cm. © MuMa Le Havre / Florian Kleinefenn
Charles DE LA FOSSE (1636-1716), Étude pour Saint Jean l'Évangéliste, sanguine rehaussée de pierre noire, traces de craie blanche, 41,7 x 23 cm. © MuMa Le Havre / Florian Kleinefenn
Henri Edmond CROSS (1856-1910), Femme et chien dans un paysage aux pins parasols, fusain sur papier vergé filigrané avec marque de fabrique Auguste Lepage, 24,3 x 31 cm. © MuMa Le Havre / David Fogel
Albert MARQUET (1875-1947), Femme, enfant et homme de dos, ca. 1904, encre noire sur papier vélin, 19,5 x 27,6 cm. © MuMa Le Havre / Charles Maslard
Armand GUILLAUMIN (1841-1927), Les Bords de l’Orge à Breuillet, 1895, pastel sur papier, 60 x 47 cm. © MuMa Le Havre / Charles Maslard
Odilon REDON (1840-1916), Homme de profil avec bouquet de fleurs, ca. 1880-1885, fusain avec crayon noir, estompe, traces de gommage sur papier vélin, 48,1 x 36,2 cm. Collection Senn-Foulds. © MuMa Le Havre / Florian Kleinefenn
Armand GUILLAUMIN (1841-1927), Pins maritimes, crique au Brusc, ca. 1911, pastel sur papier, 48 x 62 cm. © MuMa Le Havre / Charles Maslard
Edgar DEGAS (1834-1917), Cheval de selle, ca. 1862, graphite sur papier calque, 17,8 x 28,1 cm. © MuMa Le Havre / Florian Kleinefenn
Edgar DEGAS (1834-1917), Marguerite Degas, ca. 1859-1860, graphite sur papier vélin, 30,1 x 23,2 cm. © MuMa Le Havre / Florian Kleinefenn
Armand GUILLAUMIN (1841-1927), Pont sur la Sédelle, Crozant, 1896, pastel sur papier, 47 x 60 cm. © MuMa Le Havre / Florian Kleinefenn
Henri Edmond CROSS (1856-1910), Coucher de soleil, aquarelle sur papier vélin. © MuMa Le Havre
Henri Edmond CROSS (1856-1910), Le Mourillon, 1906, aquarelle et crayon noir sur papier vélin épais, 16,9 x 24,7 cm. Collection Senn-Foulds. © MuMa Le Havre / Florian Kleinefenn
Armand GUILLAUMIN (1841-1927), Tête de femme de profil, 1878, pastel sur papier, 47 x 32 cm . © MuMa Le Havre / Florian Kleinefenn
Armand GUILLAUMIN (1841-1927), Moulin sur la Creuse, 1896, pastel sur papier, 47,5 x 61 cm. © MuMa Le Havre / Florian Kleinefenn
Armand GUILLAUMIN (1841-1927), Brouillard au soleil levant, 1919, pastel sur papier vergé, 47 x 62 cm. Collection Olivier Senn. Donation Hélène Senn-Foulds, 2004. © MuMa Le Havre / Florian Kleinefenn
Albert MARQUET (1875-1947), Femme sinueuse (recto), ca. 1904, encre de Chine sur papier vélin, 28,5 x 18,8 cm. © MuMa Le Havre / Charles Maslard
Eugène DELACROIX (1798-1863), Six études de chats, encre brune sur papier vélin, 18,8 x 18 cm. © MuMa Le Havre / Charles Maslard
Reynold ARNOULD (1919-1980), Esso, 1957, graphite et feutre noir sur papier vélin, 25 x 40 cm. Le Havre, musée d’art moderne André Malraux, don de Marthe Arnould 1981. © 2016 MuMa Le Havre / Charles Maslard
Reynold ARNOULD (1919-1980), Vérificateur (turbines), vers 1958-1959, fusain et encre noire sur papier vélin, 85,9 x 68 cm. Le Havre, musée d’art moderne André Malraux, don de Marthe Arnould 1981. © 2015 MuMa Le Havre / Charles Maslard
Reynold ARNOULD (1919-1980), Mains au travail, circa 1956-1959, feutre noir, 40 x 27 cm. Le Havre, musée d’art moderne André Malraux, don Marthe Arnould, 1981. © 2015 MuMa Le Havre / Charles Maslard
Reynold ARNOULD (1919-1980), Tenaille, circa 1958-1959, encre et gouache sur papier vélin, 67 x 61,1 cm. Le Havre, musée d’art moderne André Malraux, don Marthe Arnould, 1981. © 2015 MuMa Le Havre / Charles Maslard
Reynold ARNOULD (1919-1980), Réservoirs, circa 1958-1959, fusain et encre noire sur papier vélin gris, 50 x 62 cm. Le Havre, musée d’art moderne André Malraux, don Marthe Arnould, 1981. © 2015 MuMa Le Havre / Charles Maslard
Reynold ARNOULD (1919-1980), Turbo-réacteur, vers 1958-1959, gouache, 52 x 66 cm. Le Havre, musée d’art moderne André Malraux, don Marthe Arnould, 1981. © 2015 MuMa Le Havre / Charles Maslard
Reynold ARNOULD (1919-1980), Enroulement, gouache sur papier vélin, 66 x 52 cm. Le Havre, musée d’art moderne André Malraux, don Marthe Arnould, 1981. © 2005 MuMa Le Havre / Florian Kleinefenn
André MASSON (1896-1987), Nymphe et satyre, 1962, encres sur papier, 50 x 32,5 cm. Le Havre, musée d’art moderne André Malraux, achat de la ville en 1964. © 2011 MuMa Le Havre / Charles Maslard © ADAGP, Paris 2020
Hubert ROBERT (1733-1808), Vue près du forum de Trajan à Rome, 18e siècle, sanguine sur papier vélin, 48,5 x 34 cm. Le Havre, musée d’art moderne André Malraux, achat de la ville en 1886. © MuMa Le Havre / Florian Kleinefenn
Jean-Emile LABOUREUR (1877-1943), L’Entomologiste, 1932, gravure sur papier, 50,2 x 65,3 cm. Le Havre, musée d’art moderne André Malraux, achat de la ville, 1939. © 2005 MuMa Le Havre / Florian Kleinefenn
Jean Francis AUBURTIN (1866-1930), Effet de nuages sur les pins. Bord de mer, 1904-1930, gouache et fusain sur papier, 32 x 51,5 cm. Le Havre, musée d’art moderne André Malraux, don Francine et Michel Quentin, 2007. © MuMa Le Havre / Charles Maslard
Pierre-Henri de VALENCIENNES (1750-1819), Vue de Rome, 1791, Plume, crayon et encre sépia sur papier, 24,2 x 36,8 cm (sans cadre). Le Havre, musée d’art moderne André Malraux. © 2005 MuMa Le Havre / Florian Kleinefenn
Auguste POINTELIN (1839-1933), Plateau de Saint-Laurent (Jura), vers 1896, pastel, 55 x 70 cm. Le Havre, musée d’art moderne André Malraux, achat de la ville, 1896. © 2016 MuMa Le Havre / Charles Maslard