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Marie Voignier, Tourisme International, 2014. dist. Bonjour Cinéma
Marie Voignier, Tourisme International, 2014. dist. Bonjour Cinéma

Comment une dictature se présente à ses touristes ? Quel récit, quels acteurs, quelle mise en scène mobilise-t-elle ?
Tourisme International a été tourné comme la captation d'un spectacle à l'échelle d'un pays, la Corée du Nord. Musées, ateliers de peinture, studios de cinéma ou usine chimique nous sont présentés par des guides nord-coréens dont on n'entendra jamais les voix. Car le film a été entièrement re-sonorisé au montage pour créer de toute pièce un univers sonore déconnecté des discours officiels : tous les sons ont été réenregistrés pour restituer l'épaisseur des espaces, le frémissement des touristes, les gestes des guides, à l'exception des voix. Les guides parlent mais on ne les entendra jamais: ce mutisme des discours donne à voir la contrainte du régime sur les espaces et les corps.

Programme :
Marie Voignier, Tourisme International, 2014, 48'

En présence de l'artiste.
Dans le cadre du Mois du film documentaire en partenariat avec Lire au Havre, la bibliothèque et le service culturel de l'université du Havre, le festival Du Grain à Démoudre, l'association Cannibale Peluche et le Pôle Image Haute-Normandie.
Rose Lowder. © DR
Rose Lowder. © DR

"Un moment est un espace de temps limité, mais très particulier, car il repose sur les faits qui le caractérisent singulièrement. Il n'y a peut-être rien de mieux que d'essayer de filmer un moment donné pour se rendre compte de la grande difficulté de transmettre celui-ci sur un écran.

Globalement les films de ce soir ont été composés dans la caméra pendant le tournage pour créer des instants visuels à partir d'une succession d'images apparaissant simultanément sur l'écran. Quant aux lieux filmés, étant donné que l'état des éléments naturels du monde se dégrade jusqu'à un degré alarmant, il me semble important d'attirer l'attention sur notre environnement, en espérant que le rôle de l'art soit de rendre sensible aux difficultés essentielles."
Rose Lowder

Programme :
Champ provençal, 1979, 9'
Quiproquo, 1992, 13'
Bouquets 1-10, 1994-95, 11'33
Voiliers et coquelicots, 2001, 3'28
Beijing 1998, 1988-2011, 12'17
Sous le soleil, 2011, 3'28
Sources, 2012, 5'22
foryannfromrose - hair removed, 2014, 1'04

Tous les films sont projetés en 16 mm. En présence de l'artiste.
 
. © CHC
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« Du rythme des pas, tu passes à la vague, de la vague au chien qui court.
C'est le chien qui court jusqu'à la plage qui guide tes pas, la vague disperse la chanson.
Du saut des vagues, la marée digère la plage, annule l'image et perd le chien.
C'est cette ritournelle mouvante qui décide du cadre de tes pas, tu chantes ? »

 
Suivez les ballades de Audrey Gleizes, Claire Serres & Valentine Siboni. Au menu : dispositif de tournage en double vision, performance tournée-montée, snacks en 3 dimensions, fiction variable et belles images.
Les trois artistes partageront ainsi leur lecture singulière de l’œuvre de Boudin en s’appuyant sur leurs outils propres : la performance, la vidéo… Et dévoileront ce qui fait, pour elles, la modernité d’une telle figure de l’histoire de l’art.
Jacques Perconte, Hyper Soleils, 2015
Jacques Perconte, Hyper Soleils, 2015

Rencontre avec Bidhan Jacobs, Docteur en études cinématographiques, chargé de cours à l’Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle, auteur d’une Thèse à paraître cette année aux Presses Universitaires du Septentrion sous le titre Esthétique du signal, et codirecteur avec Nicole Brenez du Cinéma critique. De l’argentique au numérique, voies et formes de l’objection visuelle (Presses de la Sorbonne, 2010)
 
Le signal est l’essence même du son et de l’image numérique : de l’information matérielle invisible à l’oeil nu, codifiée et circulant à travers les technologies filmiques de l’âge du Web. Son accès, d’une importance capitale, est en mode protégé (Friedrich Kittler). D’un côté les outils numériques sont construits comme des boîtes noires au coeur desquelles le traitement du signal est soigneusement rendu opaque et inaccessible. De l’autre, les entreprises privées et les services d’intelligence des gouvernements disposent d’une puissance technologique illimitée d’interception et d’investigation des signaux pour mener leurs opérations de surveillance et de profilage à l’échelle planétaire. Récusant ce paradoxe, certains artistes tels Pierre-Yves Cruaud, HC Gilje, Paolo Gioli, Benjamin Muzzin, Jacques Perconte, Leighton Pierce, Joost Rekveld, Sadia Sadia, Jérôme Schlomoff, développent l’intelligence du signal : ils passent ainsi de son traitement régulé selon des normes audiovisuelles à son expérimentation pour en libérer les ressources plastiques inexploitées et exprimer toutes les strates de sensibilité de l’artiste.
Lucile Chaufour & Bernhard Braunstein, Sleeping Image, 2014. Supersonicglide
Lucile Chaufour & Bernhard Braunstein, Sleeping Image, 2014. Supersonicglide

« Kenny Burrell disait du blues qu’il est un « train lancé dans la nuit ». C’est de là dont nous sommes partis, d’un paysage désolé sous l’orage que les flashs blancs des éclairs révèlent dans la nuit. Paysage du mal-être et révélation splendide, le blues est l’inadéquation intime qu’il faut résoudre, une exhortation à ne pas renoncer à sa vérité. Car ce qui nous intéresse ici, ce n’est pas la passivité mortifère du sentiment dépressif mais le potentiel de transformation que cet état recèle. C’est cette expérience que nous vous proposons de partager. » Lucile Chaufour & Bernhard Braunstein
 
Durant une année, entre la France, la Suisse et l’Autriche, plusieurs lieux culturels accueillent le projet Blues. Chaque fois, une nouvelle série est élaborée avec le public et réalisée par les auteurs. Le film Sleeping Image, qui lui est associé, permet d’appréhender l’univers des deux auteurs et d’expérimenter cette forme particulière qui travaille sur l’inconscient, le rémanent, le fantomatique.
 
Programme :
Lucile Chaufour & Bernhard Braunstein, Sleeping Image, 2014, 27’
Lucile Chaufour & Bernhard Braunstein, Blues série 1, 2015, 47’’
Lucile Chaufour & Bernhard Braunstein, Blues série 2, 2015, 42’’
 
Avec la complicité du Théâtre de l’Impossible
Florence Lazar, Kamen, 2014. Sister Productions
Florence Lazar, Kamen, 2014. Sister Productions

Depuis plusieurs années, en République Serbe de Bosnie se construit un passé fabriqué de toutes pièces. Cela se traduit très concrètement par l’élévation d’églises bâties à l’image d’anciennes églises, l’exhumation de fausses ruines archéologiques et le démantèlement d’habitations pour alimenter en pierres « authentiques » la construction, à l’est du pays, d’un faux village ancien qui va devenir un site culturel et touristique.
Kamen, terme qui signifie « pierre » en bosniaque, en serbe et en croate, interroge l’état d’une société d’après-guerre, qui établit ses nouveaux fondements nationaux et religieux sur un déni et un effacement de la mémoire d’un peuple, par la réécriture et la falsification de sa propre histoire. Le film présente des témoignages de déportés de Trebinje et Visegrad, et il évoque les récents remodelages d’une partie du paysage bosniaque comme moyen de renforcer le mythe d’un héritage exclusivement serbe dans la région.
 
Programme :
Florence Lazar, Kamen, 2014, 65

Dans le cadre du Mois de l’architecture contemporaine en Normandie.
Gary Beydler, Hand held day, 1974. Light Cone
Gary Beydler, Hand held day, 1974. Light Cone

L’histoire du cinéma est jalonnée de films dans lesquels le miroir n’est pas qu’un simple élément du décor mais est investi d’une fonction narrative ou symbolique. Espace de représentation contenu dans celui de l’écran, son rôle est alors de dévoiler une autre dimension spatiale ou temporelle.
Dans une approche expérimentale du cinéma, le miroir comme dispositif réflexif est davantage utilisé dans sa dimension concrète que métaphorique et devient le sujet du film : la surface spéculaire dénonce la transparence cinématographique, la fameuse « fenêtre sur le monde » chère à André Bazin et manifeste son pouvoir d’illusion, infiniment poétique.
Ce programme donnera lieu à diverses spéculations sur l’autoportrait, la mémoire, le paysage, mais aussi sur la présence de miroirs dans le cinéma hollywoodien qui révèlent un double où la mise en scène narcissique est nourrie de doutes et d’angoisse.
 
Programme :
Dietmar Brehm, Kamera, 1997, 9’
Gary Beydler, Hand held day, 1974, 6’
Stephen Broomer, Memory worked by mirrors, 2011, 2’
Maki Satake, Catoptric light, 2010, 4’
Ben Russell, Trypps #7 (Badlands), 2010, 10’
Milena Gierke, Entgegen, 1999, 3’
Christoph Girardet & Matthias Müller, Kristall, 2006, 14’30
Siegfried A. Fruhauf, Mirror mechanics, 2005, 7’3
Maureen Fazendeiro, Motu Maeva, 2014. dist. G.R.E.C.
Maureen Fazendeiro, Motu Maeva, 2014. dist. G.R.E.C.

« Un portrait de Sonja, aventurière du XXe siècle, habitante d’une île qu’elle a elle-même façonnée : Motu Maeva. En un prologue bruissant de chants d’oiseaux, l’on glisse sur l’eau verte et dense jusqu’à un bout de terre indéfini, abris merveilleux et bricolé d’une vieille femme, lieu hors du temps et des cartes. Motu Maeva est le nom de cet îlot d’où vont se déployer des souvenirs heureux, et quelques autres, qu’on devine plus douloureux : un fort beau voyage, celui d’une vie, à travers l’Afrique, l’Asie, la Polynésie. Sans s’embarrasser d’exposer une quelconque chronologie ou de suivre un itinéraire précis, au fil des souvenirs qui mêlent ensemble et sans hiérarchie, grands moments de l’existence et petites anecdotes, ce portrait, en forme de voyage ou d’inventaire, procède d’un incessant mouvement. On saute en une coupe franche du Tchad à l’Indochine, à Tahiti. On s’arrête un instant, on écoute une chanson, pour repartir quelques années plus loin, ou plus tôt. » Cécile Guénot, FIDMarseille 2014
 
Programme :
Maureen Fazendeiro, Motu Maeva, 2014, 42’
Walker Evans, Travel Notes, 1932. dist. Light Cone
Walker Evans, Travel Notes, 1932. dist. Light Cone

Bernard Plossu revient au MuMa avec Le Havre en noir et blanc. Sa pratique de la photographie et du cinéma (le Voyage mexicain suivi du road-movie californien filmés en Super 8 en 1966) est largement associée à celle du voyage comme expérience, qui permet de vivre physiquement le monde - au risque d’en revenir changé.
Est-ce un hasard si ce programme débute par l’un des rares films d’un autre photographe, l’illustre Walker Evans, qui comme Bernard Plossu a transcendé le style documentaire ?
Travel Notes, tourné sur un trois-mâts en route pour Tahiti sera la première étape d’un itinéraire filmique qui passera par le Mexique, la Grèce, le Yémen, Bali pour s’achever sur la route du grand ouest étasunien. Voyons ces films comme les pages d’un carnet de voyage qui nous restitue la diversité du monde, de ses paysages et de ses habitants, nous faisant partager autant d’expériences humaines et artistiques.
 
Programme :
Walker Evans, Travel Notes, 1932, 12’
Chick Strand, Guacamole, 1976, 10’15
Barbara Meter, Greece to me, 2001, 10’
Christopher Becks, Parallax, 2008, 6’
Stephen Broomer, Balinese Rebar, 2011, 3’32
Fern Silva, Tender feet, 2013, 10’

Dans le cadre de l’exposition « Bernard Plossu. Le Havre en noir et blanc »
Safia Benhaim, La Fièvre, 2014
Safia Benhaim, La Fièvre, 2014

Maroc, février 2011.
Une nuit de fièvre, une enfant perçoit la présence d’un fantôme : c’est une exilée politique, de retour dans son pays natal après une longue absence. Dans le noir et les délires de la fièvre, récit muet, voix sans corps et visions s’entremêlent. L’enfant d’aujourd’hui et le fantôme de la femme se confondent, en un voyage dans l’espace et le temps qui va mener l’exilée politique à une étrange bâtisse, à sa mémoire perdue. Le récit de la décolonisation et de luttes oubliées ressurgit, avant que de nouvelles luttes, celles du « printemps arabe » au Maroc, submergent le passé.
 
Programme :
Safia Benhaim, La Fièvre, 2014, 40'

En présence de la réalisatrice.
Dans le cadre du Mois du film documentaire en partenariat avec la bibliothèque municipale Armand Salacrou, la bibliothèque et le service culturel de l’université du Havre, le festival Du Grain à démoudre et l’association Cannibale Peluche.

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