18 h 00


"Dufy, les grandes décorations"

par Sophie Krebs, Conservateur général. Responsable des collections au Musée d’art moderne de la Ville de Paris et co-commissaire de l'exposition Dufy au Havre.
Raoul DUFY (1877-1953), Les Régates au Havre, 1925, huile sur toile, 52,5 x 63,5 cm. Collection particulière. © MuMa Le Havre / Charles Maslard © Adagp, Paris 2019
Raoul DUFY (1877-1953), Les Régates au Havre, 1925, huile sur toile, 52,5 x 63,5 cm. Collection particulière. © MuMa Le Havre / Charles Maslard © Adagp, Paris 2019
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Co-commissaire de l’exposition Dufy au Havre
« Si tous les critiques de son époque  mettent l'accent sur ses origines havraises, c'est que Dufy n'aurait pas pu devenir Dufy sans sa ville natale. Le Havre, à la fois sujet et motif, réel ou imaginaire, est la ville qui l'a formé et lui a donné une sensibilité particulière. Il n'aura de cesse de venir expérimenter ou s'entrainer à  chaque changement stylistique pour donner ce qu'il y a de mieux dans son œuvre. A la fin de sa vie, éloigné et malade, Le Havre de son enfance et de sa jeunesse est toujours présent. Il tente de le reconstituer dans la série des Cargos noirs que la mort vient interrompre. » Sophie Krebs
 
En partenariat et avec le soutien de l’AMAM – Association des amis du musée
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Alors que la nouvelle exposition du MuMa ouvre ses portes, tout le musée se mettra aux couleurs de Raoul Dufy pour entamer de la meilleure façon cette aventure aux côtés des peintures de cet artiste emblématique. Une aventure qui nous mènera jusqu’au 3 novembre et qui permettra au visiteur de découvrir, à travers le motif de la ville du Havre, toutes les facettes d’une œuvre singulière. Pour l’heure, cette Nuit des musées mettra donc à l’honneur le peintre, en tissant des liens tous azimuts entre peinture, musique, littérature… Elle sera aussi l’occasion d’inaugurer un espace pédagogique lui étant consacré pour permettre au plus grand nombre de prolonger le plaisir de la visite.

Programme détaillé :
Musique
Le MuMa invite le pianiste et improvisateur Jérôme Canavaggia à dialoguer avec l’œuvre de Raoul Dufy, sous la forme de courtes interventions, toutes différentes et qui viendront ponctuer la soirée.
Rendez-vous dans la grande nef à : 19h, 20h, 21h, 22h et 23h
 
Atelier
Comme chaque année, de 18h à 22h, l’équipe des médiatrices du MuMa vous accueille en famille pour un atelier au cours duquel petits et grands mettront la main à la pâte. Un atelier pour découvrir de façon originale l’œuvre de Raoul Dufy. Un atelier pour s’amuser et passer un bon moment au musée.
 
Visites
Sous la forme de courtes interventions, les médiatrices du MuMa vous proposent une découverte de l’exposition Dufy au Havre à travers le regard qu’elles portent sur l’œuvre de ce peintre qui leur est si familier. Là le bleu, ici la musique, là encore la littérature… autant d’angles d’approche qu’elles déploieront dans un programme de visites « focus » dévoilé quelques jours avant la manifestation.
Rendez-vous à l’accueil à : 18h30, 19h30, 20h30, 21h30 et 22h30
 
Robert Kramer Route One/USA 1989 © Les Films d’Ici
Robert Kramer Route One/USA 1989 © Les Films d’Ici
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NOT HOME BUT BACK…*
En 1987, le cinéaste américain Robert Kramer revient aux Etats Unis pour réaliser Route One/USA, un film documentaire le long de la route numéro un qui traverse la côte Est du nord au sud. Un parcours à la fois arbitraire et symbolique. Arbitraire parce que, comme le lui souffle Walt Whitman : « le long chemin brun devant moi me mène où je veux » et symbolique parce que Kramer part à la recherche des origines, de la route des « vieilles colonies », de lui-même, il va sans dire. La géographie des lieux déplie un livre d’histoire(s), la série de portraits dessine son rapport aux autres et au monde. C’est en étranger qu’il revient car c’est en étranger qu’il a fait tous ses films, dans l’inconfort de la rencontre et de la création. La mise en mouvement déclenche chez lui, dans une tension constante, la clarté du récit et le trouble de l’expérience. On s’interrogera sur la forme cinématographique issue de ce  voyage et sur la forme de voyage immobile que le film propose au spectateur.
*Pas à la maison mais de retour…
 
Programme :
Dominique Dureau nous proposera sa vision du cinéma de Robert Kramer. Dominique Dureau est Professeur agrégé d’arts plastiques. Enseignant d’histoire de l’art et de cinéma à l’IUT du Havre.
Amanda Dawn Christie, Fallen Flags, 2007. dist. Light Cone
Amanda Dawn Christie, Fallen Flags, 2007. dist. Light Cone
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L’analogie entre chemin de fer et cinéma, ces deux grandes inventions de la vie moderne, est évidente : tout rapproche ces deux machines de voyage et de vision nées au XIXe s. Le train est un moyen de transport qui offre à ses voyageurs passifs le spectacle, bien cadré par la fenêtre du compartiment, d’un paysage défilant à grande vitesse. Le compartiment est la salle de projection, la locomotive est une machine, comme la caméra ou le projecteur, la fenêtre du wagon et l’écran sont le cadre dans lequel défilent paysage et image filmique. La voie ferrée aussi rappelle le ruban de celluloïd… Mais c’est également sur le plan de l’expérience visuelle qu’on peut rapprocher les deux dispositifs : la perception de l’espace n’est plus unique et continue, mais est fragmentée et discontinue, caractéristiques particulièrement mises en évidence par le cinéma expérimental.
 
Programme :
Al Razutis, Lumière’s train / visual essays n°1, 1979, 7’30
Ken Jacobs, The Georgetown loop, 1997, 11’
D.A. Pennebaker, Daybreak express, 1953, 5’
Robert Breer, Fuji, 1973, 9’
Amanda Dawn Christie, Fallen Flags, 2007, 8’
Guy Sherwin, Night train, 1979, 2’
Pablo Mazzolo, NN, 2014-2017, 2’30
John Smith, Song for Europe, 2017, 3’50
Jacques Perconte, Après le feu, 2010, 7’08
Beverly & Tony Conrad, Straight and narrow, 1970. dist. Arsenal
Beverly & Tony Conrad, Straight and narrow, 1970. dist. Arsenal
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Tony Conrad (1940-2016), cinéaste, musicien, enseignant, artiste et performer, figure séminale de l’avant garde new yorkaise des années 60, fut l’un des pères de la musique minimaliste, ayant notamment collaboré avec La Monte Young et John Cale au sein de The Dream Syndicate ainsi qu’avec le groupe allemand Faust. Comme cinéaste, ses recherches ont porté sur les effets de clignotement de l’image et son nom reste attaché au film stroboscopique THE FLICKER (1966). Ce programme réunit deux films de Conrad ainsi qu’un film de Paul Sharits, qui a enseigné aux côtés de Conrad et s’est engagé également dans la voie de la stimulation rétinienne par clignotement. Enfin, parmi les nombreux artistes ayant travaillé avec Conrad, on retrouvera Charlemagne Palestine dans le film de Pip Chodorov.
 
Programme :
Tony Conrad, The Eye of Count Flickerstein, 1966-75, 11’
Beverly & Tony Conrad, Straight and narrow, 1970, 10’
Paul Sharits, T,O,U,C,H,I,N,G, 1968, 12’
Pip Chodorov, Charlemagne 2 : Piltzer, 2002, 22’
 
Dans le cadre du Festival PiedNu
 
A voir aussi :
Tony Conrad : Completely in the Present, documentaire de Tyler Hubby (2016/1h42/VOSTF) présenté au Studio le jeudi 14 mars à 20h30.
Warren Sonbert, Carriage Trade, 1972. dist. Light Cone
Warren Sonbert, Carriage Trade, 1972. dist. Light Cone
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Warren Sonbert (1947-1995) fut l’une des figures les plus originales et influentes du cinéma expérimental américain. Dès ses débuts en 1966 alors qu’il est encore étudiant à l’université de New York, et avant ses vingt ans, sa première rétrospective est un succès public et critique. « CARRIAGE TRADE: les déplacements, les voyages, les goûts de Warren Sonbert sont arrangés musicalement dans des compositions cadrées avec brio et des mouvements de caméra tourbillonnants. Les monuments les plus familiers – la Tour Eiffel, l’Arc de Triomphe, le Sphinx – sont placés entre les guillemets des jump cuts. Une heure d’expérimentation fascinante qui repose sur l’idée d’utiliser les images comme des notes de musique. Cela a été fait auparavant, mais rarement avec un tel talent et un tel esprit. » Andrew Sarris, Village Voice, Oct 1973
 
Programme :
Warren Sonbert, Carriage Trade,  1972, 61’
 
Une programmation en écho à l’exposition Retour du vaste monde présentée au MuMa du 23 février au 14 avril 2019.
. © Sabine Meier
. © Sabine Meier
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« Programmée dans le cadre de l’édition 2015, la chorégraphe havraise Margot Dorléans présente cette année sa nouvelle création. C’est au MuMa que vous pourrez la découvrir dans une version in situ, lieu qui se prête parfaitement à la contemplation d’une sculpture vivante. Le titre même de la pièce nous livre un de ses secrets : Confier, un duo intimiste où se déclinent la confidence, le prendre soin et la confiance. Ici, dans un corps-à-corps indéfectible, l’espace physique est restreint alors que l’espace sonore et lumineux à géométrie variable capte la pulsation cardiaque. Ici, encore, les deux corps sont comme mis en orbite l’un avec l’autre. Ils s’écoutent, se sentent, se confient, se confondent. Les corps sont matières vivantes et vibrantes. Ici, enfin, le spectateur est comme pris dans cet enlacement infini. Il est le témoin de la révolution des corps dans cet univers. Il ne peut alors qu’être à l’écoute des confidences partagées… » (extrait du programme du Festival Pharenheit)
 
Conception, chorégraphie : Margot Dorléans
Interprétation : Manon Parent & Margot Dorléans
Création sonore : Laurent Durupt
Création lumière : Grégoire Desforges
Création costume : Salina Dumay

Production : Du Vivant Sous Les Plis
 
En partenariat avec Le Phare – CCN du Havre
Retrouvez toute la programmation du festival Pharenheit 2019 sur : www.lephare-ccn.fr

 
Gabriele BASILICO (1944-2013), Le Havre. L'église Saint-Joseph, 1984, photographie couleur, tirage au gelatino-bromure d’argent, 60 x 50 cm. © MuMa Le Havre / Gabriele Basilico
Gabriele BASILICO (1944-2013), Le Havre. L'église Saint-Joseph, 1984, photographie couleur, tirage au gelatino-bromure d’argent, 60 x 50 cm. © MuMa Le Havre / Gabriele Basilico

Conférence proposée par la Maison du patrimoine du Havre.
L'église Saint-Joseph : chronologie d'un chantier mouvementé par Françoise Gasté, docteur ès lettres

Lorsqu’Auguste Perret meurt en février 1954, l’église Saint-Joseph est loin d’être terminée. Comment continuer cette construction dans l’esprit du maître qui n’en avait pas fixé les lignes définitives, comment passer de la galerie carrée à l’octogone de la tour, comment prendre des décisions qui conviennent à Raymond Audigier, architecte havrais associé à Perret, et à l’équipe parisienne qui en revendique la paternité morale. Cette conférence relate la chronologie de ce chantier coûteux et mouvementé.
Reason over passion, 1969. © Joyce Wieland, dist. Light Cone
Reason over passion, 1969. © Joyce Wieland, dist. Light Cone
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Joyce Wieland (1930-1998) commence sa carrière comme peintre à Toronto avant de s’installer à New York en 1962, où elle se fait rapidement un nom en tant que cinéaste expérimentale. Son œuvre est ouvertement politique, traitant de nationalisme, de féminisme et d’écologie.
En 1968, à l’occasion d’un voyage en train de Toronto à Vancouver, elle tourne pendant des heures le paysage qui défile. Puis, lors du congrès du parti libéral à Ottawa, elle filme le visage de Pierre Trudeau, sur le point de devenir premier ministre. C’est après un autre voyage de Cap-Breton à Québec, filmé de sa voiture, que se forme le projet d’un film sur son pays natal. Réunissant les images de ces trois épisodes, ce sera son grand opus : La Raison avant la Passion / Reason Over Passion (1969) dont Wieland a dit : «J’étais dans la panique ; une panique écologique, spirituelle sur ce pays… J’ai photographié tout le sud du Canada pour le préserver à ma façon, avec ma propre vision».

Programme :
Joyce Wieland, Reason over passion, 1969, 83’40
 

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