Midi
En février 1892, Boudin se rend pour la première fois dans le Midi. Il séjourne à Villefranche-sur-Mer et y trouve « toutes sortes d'avantages – la proximité de Nice qui n'est qu'à quatre kilomètres – Beaulieu à six sous par le train. St Jean – Monaco », sans parler des « ruelles coloriées » ni de la « bouillabaisse, ça excite l’estomac mais c’est délicieux » [à Ferdinand Martin, 24 mars, collection particulière].
Lui qui se montre souvent difficile quand il découvre de nouveaux horizons, est immédiatement séduit : « Le pays est fort beau, d'une couleur superbe et l'on a ce grand avantage de pouvoir peindre en plein air dans ces mois si ingrats chez nous » [à Durand-Ruel, 23 février]. Il peint à plusieurs reprises la flotte de la Méditerranée, qui relâche sur la rade. L’une de ces peintures sera acquise par l’État ; on débat alors beaucoup sur l’importance jouée par la Marine en vue de l’expansion coloniale.
De retour à Paris, Boudin regrette « ces belles côtes si chaudes de ton… ces arbres verts en plein hiver… cette clarté des ciels si lumineux… » [à Braquaval, 1er avril, collection particulière].
Au printemps de l’année suivante, il se rend à Antibes, « une petite bicoque fortifiée [où] le mistral fait rage… » [à son frère, 28 mars, Fondation Custodia]. L’enthousiasme est moindre : « Au demeurant, vous savez, à part les montagnes qui sont azurées et de toute beauté, lorsqu’elles veulent bien se montrer, notre nord a autant de charme que ce pays des oliviers gris et terreux. Les côtes de Bretagne valent ces rivages. La mer aussi a autant de caractère sur nos blondes rives » [à de Bériot, 28 mars 1893, collection particulière].
Mais, plus encore que la météorologie défavorable ou les couleurs ternes, c’est la lumière qui lui présente des difficultés : « Il en résulte que le travail ne va pas quoique ce soit beau par moments… alors à ces moments la lumière devient si intense que la peinture ne peut atteindre à cette luminosité... Partant désespoir du malheureux qui s’y essaye » [à de Bériot, 28 mars 1893, collection particulière]. Et il déplore : « les yeux fascinés par une lumière intense […] j’ai peint un peu comme un objectif, me contentant de rendre ce que j’avais dans les yeux » [à Durand-Ruel, 10 avril]. Il rapportera de ce voyage une palette aux tons plus clairs et plus vifs.
Il se rend pour la dernière fois dans le Midi au printemps 1898. Il est trop malade pour peindre : « Le soleil brille aujourd’hui ; les arbres dont je vois la cime, ici, devant, sont en pleine sève... et la mienne s’en va, s’en va tous les jours » [à Braquaval, 28 mai, collection particulière].
Lui qui se montre souvent difficile quand il découvre de nouveaux horizons, est immédiatement séduit : « Le pays est fort beau, d'une couleur superbe et l'on a ce grand avantage de pouvoir peindre en plein air dans ces mois si ingrats chez nous » [à Durand-Ruel, 23 février]. Il peint à plusieurs reprises la flotte de la Méditerranée, qui relâche sur la rade. L’une de ces peintures sera acquise par l’État ; on débat alors beaucoup sur l’importance jouée par la Marine en vue de l’expansion coloniale.
De retour à Paris, Boudin regrette « ces belles côtes si chaudes de ton… ces arbres verts en plein hiver… cette clarté des ciels si lumineux… » [à Braquaval, 1er avril, collection particulière].
Au printemps de l’année suivante, il se rend à Antibes, « une petite bicoque fortifiée [où] le mistral fait rage… » [à son frère, 28 mars, Fondation Custodia]. L’enthousiasme est moindre : « Au demeurant, vous savez, à part les montagnes qui sont azurées et de toute beauté, lorsqu’elles veulent bien se montrer, notre nord a autant de charme que ce pays des oliviers gris et terreux. Les côtes de Bretagne valent ces rivages. La mer aussi a autant de caractère sur nos blondes rives » [à de Bériot, 28 mars 1893, collection particulière].
Mais, plus encore que la météorologie défavorable ou les couleurs ternes, c’est la lumière qui lui présente des difficultés : « Il en résulte que le travail ne va pas quoique ce soit beau par moments… alors à ces moments la lumière devient si intense que la peinture ne peut atteindre à cette luminosité... Partant désespoir du malheureux qui s’y essaye » [à de Bériot, 28 mars 1893, collection particulière]. Et il déplore : « les yeux fascinés par une lumière intense […] j’ai peint un peu comme un objectif, me contentant de rendre ce que j’avais dans les yeux » [à Durand-Ruel, 10 avril]. Il rapportera de ce voyage une palette aux tons plus clairs et plus vifs.
Il se rend pour la dernière fois dans le Midi au printemps 1898. Il est trop malade pour peindre : « Le soleil brille aujourd’hui ; les arbres dont je vois la cime, ici, devant, sont en pleine sève... et la mienne s’en va, s’en va tous les jours » [à Braquaval, 28 mai, collection particulière].
Eugène BOUDIN (1824-1898), Villefranche, ca. 1892, oil on wood, 41 x 32.7 cm. © Williamstown, Sterling and Francine Clark Institute
Eugène BOUDIN (1824-1898), Port d'Antibes, 1893, oil on canvas, 46 x 66 cm. . © RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Adrien Didierjean
Publications
Eugène Boudin, l’atelier de la lumière
Catalogue d’exposition — Le Havre, musée d’art moderne André Malraux, 16 avril 2016 – 26 septembre 2016
Auteurs : Anne-Marie Bergeret-Gourbin, Virginie Delcourt, Annette Haudiquet, Géraldine Lefebvre, Laurent Manœuvre, Sylvie Patry
Édition : Réunion des musées nationaux – Grand Palais, 2016, 240 p.
ISBN 978-27118-6314-3
Eugène Boudin, lettres à Ferdinand Martin (1861-1870)
Auteurs : Isolde Pludermacher, Laurent Manœuvre
Édition : Société des amis du musée Eugène Boudin, Honfleur, 2011, 264 p.
ISBN 978-2-902985-17-3
Cet ouvrage est disponible sur commande auprès de : la Société des Amis du Musée Eugène Boudin (SAMEB), BP 80049, 14602 Honfleur Cedex. Règlement uniquement par chèque à l'ordre de la SAMEB (25 € + 5,60 € de frais de port).
Catalogue d’exposition — Le Havre, musée d’art moderne André Malraux, 16 avril 2016 – 26 septembre 2016
Auteurs : Anne-Marie Bergeret-Gourbin, Virginie Delcourt, Annette Haudiquet, Géraldine Lefebvre, Laurent Manœuvre, Sylvie Patry
Édition : Réunion des musées nationaux – Grand Palais, 2016, 240 p.
ISBN 978-27118-6314-3
Eugène Boudin, lettres à Ferdinand Martin (1861-1870)
Auteurs : Isolde Pludermacher, Laurent Manœuvre
Édition : Société des amis du musée Eugène Boudin, Honfleur, 2011, 264 p.
ISBN 978-2-902985-17-3
Cet ouvrage est disponible sur commande auprès de : la Société des Amis du Musée Eugène Boudin (SAMEB), BP 80049, 14602 Honfleur Cedex. Règlement uniquement par chèque à l'ordre de la SAMEB (25 € + 5,60 € de frais de port).