MuMaBoX

Jacques Perconte, Ettrick, 2015. © Jacques Perconte - dist. Light Cone
Jacques Perconte, Ettrick, 2015. © Jacques Perconte - dist. Light Cone
  • -

« Le chemin que nous prenons mène au cœur de la forêt d’Ettrick. C’est une plongée dans une terre textile que nous entreprenons. Une terre où l’homme, la machine et la nature entretiennent une relation complexe qui dessine leur avenir. En glissant par la poésie entre la brutalité de la matière et le sublime du paysage, nous portons ce regard attentif qui incarne la stabilité de notre désir de vivre profondément en paix.
Spectateurs trop conscients d’une impuissance de nos mouvements, nous savons que la nature, elle, trouvera son chemin. »
Richard Aschrowan, Alchemy film festival Catalogue 2015


Jacques Perconte, Ettrick, 2015, 57’
Marie Menken, Andy Warhol, 1965. © Marie Menken - dist. Light Cone
Marie Menken, Andy Warhol, 1965. © Marie Menken - dist. Light Cone
  • -

Le 22 février 1987, Andy Warhol mourait à 58 ans des suites d’une banale opération de la vésicule biliaire. Trente ans après sa mort, Warhol reste une superstar des ventes et des fréquentations d’exposition et sa notoriété va bien au-delà du monde de l’art.
Ce programme lui rend hommage avec trois films réalisés par des cinéastes qui l’ont bien connu dans le New York des années 60 et plus tard. Andy Warhol de Marie Menken nous plonge dans l’univers de la Factory où l’artiste, assisté par Gérard Malanga, est au travail sur ses œuvres en cours : boîtes de Brillo, sérigraphies de fleurs et portraits de Jackie sont produits en continu. Les deux films suivants sont de Jonas Mekas : Award Presentation to Andy Warhol et Scenes from the life of Andy Warhol, tranches de vies saisies de 1965 à 1982 où l’on croise également des personnalités comme Allen Ginsberg, Yoko Ono, John Lennon, Barbara Rubin, Caroline Kennedy ...

Marie Menken, Andy Warhol, 1965, 22’
Jonas Mekas, Award Presentation to Andy Warhol, 1964, 12’
Jonas Mekas, Scenes from the life of Andy Warhol, 1963-1990, 37’

 
Esther Urlus, Rode Molen, 2014. dist. Light Cone
Esther Urlus, Rode Molen, 2014. dist. Light Cone

Prodigieuse mécanique, le Cinématographe est l'invention décisive qui fait aboutir de multiples recherches antérieures sur l'analyse et la restitution du mouvement. C'est ce que nous rappellent Guido Seeber avec son énergique Kipho et Bill Morrison avec Footprints, poétique évocation du cinéma des origines.
Au début du XXe siècle, le mouvement des machines intègre la chorégraphie du monde moderne et inspire les cinéastes d'avant-garde comme Eugène Deslaw. Un siècle plus tard, les promesses d'un monde meilleur ne sont plus qu'un lointain souvenir et les silhouettes des puits de pétrole de l'Alberta (Oil Wells : Sturgeon road & 97th street) accomplissent une sinistre pantomine.
Devant l'objectif de la caméra, les mécaniques rotatives -moulins, manège- sont autant de motifs d'expérimentations filmiques pour Chris Welsby, Esther Urlus et Rose Lowder.

Programme :
Guido Seeber, Kipho, 1925, 6'
Bill Morrison, Footprints, 1992,6'
Eugène Deslaw, La Marche des machines, 1928, 9'
Christina Battle, Oil Wells : Sturgeon road & 97th street, 2002, 3'
Chris Welsby, Windmill 2, 1972, 8'
Esther Urlus, Rode molen, 2013, 5'
Rose Lowder, Couleurs mécaniques, 1979, 16
Maurice Lemaître, Le Film est déjà commencé ?, 1951. dist. Light Cone
Maurice Lemaître, Le Film est déjà commencé ?, 1951. dist. Light Cone

Maurice Lemaître est né à Paris le 23 avril 1926 et, hormis une rétrospective à Berlin au printemps 2016, son 90e anniversaire n'a pas été célébré comme il se doit pour ce créateur "enragé".
C'est en 1949 qu'il rejoint le groupe lettriste constitué autour d'Isidore Isou dans l'immédiat après-guerre, au sein duquel il développe une production plastique, filmique et littéraire de grande envergure dont son oeuvre au cinéma (172 films) forme un ensemble essentiel.
En  1951, Maurice Lemaître réalise son premier film, Le Film est déjà commencé ? C'est la première tentative de destruction du cadre normal de la représentation cinématographique dont chaque élément est bouleversé : image, son, écran, salle, spectateurs... C'est l'avènement du syncinéma : il ne s'agit plus d'une simple projection de film, mais d'une séance de cinéma devenue oeuvre d'art dans son ensemble.

Programme :
Maurice Lemaitre, Le Film est déjà commencé ?, 1951, 62'
Marie Voignier, Tourisme International, 2014. dist. Bonjour Cinéma
Marie Voignier, Tourisme International, 2014. dist. Bonjour Cinéma

Comment une dictature se présente à ses touristes ? Quel récit, quels acteurs, quelle mise en scène mobilise-t-elle ?
Tourisme International a été tourné comme la captation d'un spectacle à l'échelle d'un pays, la Corée du Nord. Musées, ateliers de peinture, studios de cinéma ou usine chimique nous sont présentés par des guides nord-coréens dont on n'entendra jamais les voix. Car le film a été entièrement re-sonorisé au montage pour créer de toute pièce un univers sonore déconnecté des discours officiels : tous les sons ont été réenregistrés pour restituer l'épaisseur des espaces, le frémissement des touristes, les gestes des guides, à l'exception des voix. Les guides parlent mais on ne les entendra jamais: ce mutisme des discours donne à voir la contrainte du régime sur les espaces et les corps.

Programme :
Marie Voignier, Tourisme International, 2014, 48'

En présence de l'artiste.
Dans le cadre du Mois du film documentaire en partenariat avec Lire au Havre, la bibliothèque et le service culturel de l'université du Havre, le festival Du Grain à Démoudre, l'association Cannibale Peluche et le Pôle Image Haute-Normandie.
Rose Lowder. © DR
Rose Lowder. © DR

"Un moment est un espace de temps limité, mais très particulier, car il repose sur les faits qui le caractérisent singulièrement. Il n'y a peut-être rien de mieux que d'essayer de filmer un moment donné pour se rendre compte de la grande difficulté de transmettre celui-ci sur un écran.

Globalement les films de ce soir ont été composés dans la caméra pendant le tournage pour créer des instants visuels à partir d'une succession d'images apparaissant simultanément sur l'écran. Quant aux lieux filmés, étant donné que l'état des éléments naturels du monde se dégrade jusqu'à un degré alarmant, il me semble important d'attirer l'attention sur notre environnement, en espérant que le rôle de l'art soit de rendre sensible aux difficultés essentielles."
Rose Lowder

Programme :
Champ provençal, 1979, 9'
Quiproquo, 1992, 13'
Bouquets 1-10, 1994-95, 11'33
Voiliers et coquelicots, 2001, 3'28
Beijing 1998, 1988-2011, 12'17
Sous le soleil, 2011, 3'28
Sources, 2012, 5'22
foryannfromrose - hair removed, 2014, 1'04

Tous les films sont projetés en 16 mm. En présence de l'artiste.
 
Jacques Perconte, Hyper Soleils, 2015
Jacques Perconte, Hyper Soleils, 2015

Rencontre avec Bidhan Jacobs, Docteur en études cinématographiques, chargé de cours à l’Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle, auteur d’une Thèse à paraître cette année aux Presses Universitaires du Septentrion sous le titre Esthétique du signal, et codirecteur avec Nicole Brenez du Cinéma critique. De l’argentique au numérique, voies et formes de l’objection visuelle (Presses de la Sorbonne, 2010)
 
Le signal est l’essence même du son et de l’image numérique : de l’information matérielle invisible à l’oeil nu, codifiée et circulant à travers les technologies filmiques de l’âge du Web. Son accès, d’une importance capitale, est en mode protégé (Friedrich Kittler). D’un côté les outils numériques sont construits comme des boîtes noires au coeur desquelles le traitement du signal est soigneusement rendu opaque et inaccessible. De l’autre, les entreprises privées et les services d’intelligence des gouvernements disposent d’une puissance technologique illimitée d’interception et d’investigation des signaux pour mener leurs opérations de surveillance et de profilage à l’échelle planétaire. Récusant ce paradoxe, certains artistes tels Pierre-Yves Cruaud, HC Gilje, Paolo Gioli, Benjamin Muzzin, Jacques Perconte, Leighton Pierce, Joost Rekveld, Sadia Sadia, Jérôme Schlomoff, développent l’intelligence du signal : ils passent ainsi de son traitement régulé selon des normes audiovisuelles à son expérimentation pour en libérer les ressources plastiques inexploitées et exprimer toutes les strates de sensibilité de l’artiste.
Lucile Chaufour & Bernhard Braunstein, Sleeping Image, 2014. Supersonicglide
Lucile Chaufour & Bernhard Braunstein, Sleeping Image, 2014. Supersonicglide

« Kenny Burrell disait du blues qu’il est un « train lancé dans la nuit ». C’est de là dont nous sommes partis, d’un paysage désolé sous l’orage que les flashs blancs des éclairs révèlent dans la nuit. Paysage du mal-être et révélation splendide, le blues est l’inadéquation intime qu’il faut résoudre, une exhortation à ne pas renoncer à sa vérité. Car ce qui nous intéresse ici, ce n’est pas la passivité mortifère du sentiment dépressif mais le potentiel de transformation que cet état recèle. C’est cette expérience que nous vous proposons de partager. » Lucile Chaufour & Bernhard Braunstein
 
Durant une année, entre la France, la Suisse et l’Autriche, plusieurs lieux culturels accueillent le projet Blues. Chaque fois, une nouvelle série est élaborée avec le public et réalisée par les auteurs. Le film Sleeping Image, qui lui est associé, permet d’appréhender l’univers des deux auteurs et d’expérimenter cette forme particulière qui travaille sur l’inconscient, le rémanent, le fantomatique.
 
Programme :
Lucile Chaufour & Bernhard Braunstein, Sleeping Image, 2014, 27’
Lucile Chaufour & Bernhard Braunstein, Blues série 1, 2015, 47’’
Lucile Chaufour & Bernhard Braunstein, Blues série 2, 2015, 42’’
 
Avec la complicité du Théâtre de l’Impossible
Florence Lazar, Kamen, 2014. Sister Productions
Florence Lazar, Kamen, 2014. Sister Productions

Depuis plusieurs années, en République Serbe de Bosnie se construit un passé fabriqué de toutes pièces. Cela se traduit très concrètement par l’élévation d’églises bâties à l’image d’anciennes églises, l’exhumation de fausses ruines archéologiques et le démantèlement d’habitations pour alimenter en pierres « authentiques » la construction, à l’est du pays, d’un faux village ancien qui va devenir un site culturel et touristique.
Kamen, terme qui signifie « pierre » en bosniaque, en serbe et en croate, interroge l’état d’une société d’après-guerre, qui établit ses nouveaux fondements nationaux et religieux sur un déni et un effacement de la mémoire d’un peuple, par la réécriture et la falsification de sa propre histoire. Le film présente des témoignages de déportés de Trebinje et Visegrad, et il évoque les récents remodelages d’une partie du paysage bosniaque comme moyen de renforcer le mythe d’un héritage exclusivement serbe dans la région.
 
Programme :
Florence Lazar, Kamen, 2014, 65

Dans le cadre du Mois de l’architecture contemporaine en Normandie.
Gary Beydler, Hand held day, 1974. Light Cone
Gary Beydler, Hand held day, 1974. Light Cone

L’histoire du cinéma est jalonnée de films dans lesquels le miroir n’est pas qu’un simple élément du décor mais est investi d’une fonction narrative ou symbolique. Espace de représentation contenu dans celui de l’écran, son rôle est alors de dévoiler une autre dimension spatiale ou temporelle.
Dans une approche expérimentale du cinéma, le miroir comme dispositif réflexif est davantage utilisé dans sa dimension concrète que métaphorique et devient le sujet du film : la surface spéculaire dénonce la transparence cinématographique, la fameuse « fenêtre sur le monde » chère à André Bazin et manifeste son pouvoir d’illusion, infiniment poétique.
Ce programme donnera lieu à diverses spéculations sur l’autoportrait, la mémoire, le paysage, mais aussi sur la présence de miroirs dans le cinéma hollywoodien qui révèlent un double où la mise en scène narcissique est nourrie de doutes et d’angoisse.
 
Programme :
Dietmar Brehm, Kamera, 1997, 9’
Gary Beydler, Hand held day, 1974, 6’
Stephen Broomer, Memory worked by mirrors, 2011, 2’
Maki Satake, Catoptric light, 2010, 4’
Ben Russell, Trypps #7 (Badlands), 2010, 10’
Milena Gierke, Entgegen, 1999, 3’
Christoph Girardet & Matthias Müller, Kristall, 2006, 14’30
Siegfried A. Fruhauf, Mirror mechanics, 2005, 7’3

Pages