Meinzer, Au service des nuages
Sylvestre MEINZER, Au service des nuages (extrait : « Reflets sur le port »), 2013, vidéo, 29:00 min. © MuMa Le Havre / Sylvestre Meinzer
"Au service des nuages" est une œuvre audiovisuelle de Sylvestre Meinzer, acquise par le MuMa en 2014.
Les peintres exposés au MuMa ont observé avec passion le Havre, le ciel et les variations atmosphériques, les reflets sur les bassins du port, les couleurs de l'aube, les mouvements du vent dans les voiles, celui des vagues sur le sable... et ils ont cherché à rendre leur impression sur une toile, à l'aide de pinceaux. Dans une sorte de correspondance imaginaire et anachronique, les films présentés ici proposent avec les outils de la vidéo une vision différente de ces contextes lumineux, par définition éphémères, mais paradoxalement immuables, dans un paysage portuaire entièrement métamorphosé.
En partant de l'aube, dans un tableau qui raconte l'éveil de l'estuaire, pour suivre les activités du port et les effets colorés de la mer en fin de journée, le film se termine de nuit sur les illuminations des raffineries en bord de Seine.
Certains « tableaux » de jour sont tournés en « sténopé numérique » (un petit trou est percé dans le cache objectif de l'appareil), ce qui amène une douceur, un scintillement coloré et une attention pour les effets lumineux que le réalisme froid de l'image conventionnelle ne permet pas.
Ces différents « tableaux » cherchent à ouvrir une discussion sur les rapports entre la peinture impressionniste et le cinéma.
Le cinéma a bénéficié de l'esprit de liberté créé par les peintres tant dans les thèmes choisis que dans le traitement appliqué. Et si pour Jean-Luc Godard, le cinématographe Louis Lumière est « le dernier des peintres impressionnistes », on peut dire que Boudin, Pissarro, Renoir, Monet... annonçaient déjà le septième art, par leur approche de la lumière, du mouvement, de l'évanescence des choses. Pourtant, pendant que la peinture se libérait du récit et poursuivait une vision personnelle et instantanée du monde, le cinéma, lui, s'attachait progressivement à marquer le déploiement du temps, à développer l'art de la narration...
La vision impressionniste recherchée ici désirait éloigner toute connaissance rationnelle, tout souci de narration qui s'imposent constamment entre le cinéaste et le monde.
Elle impliquait de s'intéresser aux motifs préférés des peintres, d'aborder autrement la couleur et la lumière, et de se demander comment dans une succession de plans restituer le mystère des choses, l'innocence de la perception première... Elle exigeait le silence et la contemplation devant le paysage
Les ambiances sonores sont entièrement recomposées et une grande place est donnée à la musique. Le choix s'est porté naturellement sur les compositeurs normands de l'époque (Woollett, Satie...) tout en prenant la liberté de proposer une musique plus contemporaine, jusqu'au piano préparé librement inspiré de John Cage.
Les peintres exposés au MuMa ont observé avec passion le Havre, le ciel et les variations atmosphériques, les reflets sur les bassins du port, les couleurs de l'aube, les mouvements du vent dans les voiles, celui des vagues sur le sable... et ils ont cherché à rendre leur impression sur une toile, à l'aide de pinceaux. Dans une sorte de correspondance imaginaire et anachronique, les films présentés ici proposent avec les outils de la vidéo une vision différente de ces contextes lumineux, par définition éphémères, mais paradoxalement immuables, dans un paysage portuaire entièrement métamorphosé.
En partant de l'aube, dans un tableau qui raconte l'éveil de l'estuaire, pour suivre les activités du port et les effets colorés de la mer en fin de journée, le film se termine de nuit sur les illuminations des raffineries en bord de Seine.
Certains « tableaux » de jour sont tournés en « sténopé numérique » (un petit trou est percé dans le cache objectif de l'appareil), ce qui amène une douceur, un scintillement coloré et une attention pour les effets lumineux que le réalisme froid de l'image conventionnelle ne permet pas.
Ces différents « tableaux » cherchent à ouvrir une discussion sur les rapports entre la peinture impressionniste et le cinéma.
Le cinéma a bénéficié de l'esprit de liberté créé par les peintres tant dans les thèmes choisis que dans le traitement appliqué. Et si pour Jean-Luc Godard, le cinématographe Louis Lumière est « le dernier des peintres impressionnistes », on peut dire que Boudin, Pissarro, Renoir, Monet... annonçaient déjà le septième art, par leur approche de la lumière, du mouvement, de l'évanescence des choses. Pourtant, pendant que la peinture se libérait du récit et poursuivait une vision personnelle et instantanée du monde, le cinéma, lui, s'attachait progressivement à marquer le déploiement du temps, à développer l'art de la narration...
La vision impressionniste recherchée ici désirait éloigner toute connaissance rationnelle, tout souci de narration qui s'imposent constamment entre le cinéaste et le monde.
Elle impliquait de s'intéresser aux motifs préférés des peintres, d'aborder autrement la couleur et la lumière, et de se demander comment dans une succession de plans restituer le mystère des choses, l'innocence de la perception première... Elle exigeait le silence et la contemplation devant le paysage
Les ambiances sonores sont entièrement recomposées et une grande place est donnée à la musique. Le choix s'est porté naturellement sur les compositeurs normands de l'époque (Woollett, Satie...) tout en prenant la liberté de proposer une musique plus contemporaine, jusqu'au piano préparé librement inspiré de John Cage.
- Sylvestre MEINZER, Matin de neige sur l'estuaire, 2013, photogramme (vidéo). © MuMa Le Havre / Sylvestre Meinzer
- Sylvestre MEINZER, Reflets sur le port, 2013, photogramme (vidéo). © MuMa Le Havre / Sylvestre Meinzer
- Sylvestre MEINZER, La plage et les régates, 2013, photogramme (vidéo). © MuMa Le Havre / Sylvestre Meinzer
- Sylvestre MEINZER, Au service des nuages, 2013, photogramme (vidéo). © MuMa Le Havre / Sylvestre Meinzer
- Sylvestre MEINZER, Les conteneurs, effets du soir, 2013, photogramme (vidéo). © MuMa Le Havre / Sylvestre Meinzer
- Sylvestre MEINZER, Les conteneurs, effets du soir, 2013, photogramme (vidéo). © MuMa Le Havre / Sylvestre Meinzer
- Sylvestre MEINZER, La digue nord, par jour de tempête, 2013, photogramme (vidéo). © MuMa Le Havre / Sylvestre Meinzer
- Sylvestre MEINZER, Plage bleue, 2013, photogramme (vidéo). © MuMa Le Havre / Sylvestre Meinzer
- Sylvestre MEINZER, Nuit sur le canal de Tancarville, 2013, photogramme (vidéo). © MuMa Le Havre / Sylvestre Meinzer
Au service des nuages est composé en sept tableaux :
Matin de neige sur l'estuaire, 6 min.
Un matin, neige de mars, sur l'estuaire. L'éveil de la campagne et d'une petite ferme, dans un lieu marqué par la présence de la nature et de l'industrie.
Reflets sur le port, 3 min.
Tourné en sténopé numérique.
Musique d’Henri Woollett, « Pastorale » interprété par Guy Livingston.
Depuis le radoub qui servait à la réparation du France, on peut suivre tout le trafic du port. Des ondées de lumière glissent sur les bassins et l'eau s'illumine des rayons de soleil.
La plage et les régates, 6 min.
Tourné en sténopé numérique.
Musique d’Erik Satie, Gnossienne 2 interprétée par Guy Livingston.
Eugène Boudin : « Je regarde cette lumière qui inonde la terre, qui frémit sur l'eau, qui joue sur les vêtements ; je sens que la poésie est là ».
Les conteneurs, effets du soir, 4 min.
Tourné en sténopé numérique.
Musique composée et interprétée par Guy Livingston, Rectangular Music.
Sous le soleil déclinant, l'enfilade des conteneurs forme un jeu de contours et de lumières touchant à l'abstraction. Au milieu de ce paysage étrange passent quelques engins, entre réalité et pure subjectivité.
La digue nord, par jour de tempête, 2:30 min.
Musique de Lionel Sainsbury, Prelude interprétée par Guy Livingston.
Vagues énormes s'élevant sur la digue, oiseaux ivres tournoyants dans les airs, frêles navires filant à l'horizon, nuages noirs s'écrasant dans l'immensité grise... Quels plans choisir pour témoigner de ces sensations, comment agencer les images, jusqu'où laisser le temps tisser son ouvrage, afin de traduire ces moments où la nature vous submerge ?
Plage bleue, 2 min.
Musique d'Alper Maral, Verschiebung, interprétée par Guy Livingston.
Longues bandes de sable, traces de pas bleutés, reflets du ciel nocturne. L'eau glisse, l'écume ourle la vague, des enfants courent, un cargo illuminé file dans le lointain.
Nuit sur le canal de Tancarville, 5:30 min.
Musique composée et interprétée par Guy Livingston, Refinery Grid .
Illuminations nocturnes bordant le canal de Tancarville. Le monde industriel, ses effets de formes et de fumées sont présentés par un long travelling pris depuis une péniche.
La musique de Guy Livingston utilise le piano préparé. Inspirée de John Cage, elle révèle les incongruités de cette avancée fluviale, nocturne, un glissement dans l'inconnu.
Baudelaire, à propos de Boudin : « A la fin, tous ces nuages aux formes fantastiques et lumineuses, ces ténèbres chaotiques, ces immensités vertes et grises, suspendues et ajoutées les unes aux autres, ces fournaises béantes, ces firmaments de satin noir ou violet, fripé, roulé ou déchiré, ces horizons en deuil ou ruisselants de métal fondu, toutes ces profondeurs, toutes ces splendeurs me montèrent au cerveau comme une boisson capiteuse ou comme l’éloquence de l’opium ». 1859
Réalisateur
Sylvestre Meinzer
Musique
Guy Livingston
Matin de neige sur l'estuaire, 6 min.
Un matin, neige de mars, sur l'estuaire. L'éveil de la campagne et d'une petite ferme, dans un lieu marqué par la présence de la nature et de l'industrie.
Reflets sur le port, 3 min.
Tourné en sténopé numérique.
Musique d’Henri Woollett, « Pastorale » interprété par Guy Livingston.
Depuis le radoub qui servait à la réparation du France, on peut suivre tout le trafic du port. Des ondées de lumière glissent sur les bassins et l'eau s'illumine des rayons de soleil.
La plage et les régates, 6 min.
Tourné en sténopé numérique.
Musique d’Erik Satie, Gnossienne 2 interprétée par Guy Livingston.
Eugène Boudin : « Je regarde cette lumière qui inonde la terre, qui frémit sur l'eau, qui joue sur les vêtements ; je sens que la poésie est là ».
Les conteneurs, effets du soir, 4 min.
Tourné en sténopé numérique.
Musique composée et interprétée par Guy Livingston, Rectangular Music.
Sous le soleil déclinant, l'enfilade des conteneurs forme un jeu de contours et de lumières touchant à l'abstraction. Au milieu de ce paysage étrange passent quelques engins, entre réalité et pure subjectivité.
La digue nord, par jour de tempête, 2:30 min.
Musique de Lionel Sainsbury, Prelude interprétée par Guy Livingston.
Vagues énormes s'élevant sur la digue, oiseaux ivres tournoyants dans les airs, frêles navires filant à l'horizon, nuages noirs s'écrasant dans l'immensité grise... Quels plans choisir pour témoigner de ces sensations, comment agencer les images, jusqu'où laisser le temps tisser son ouvrage, afin de traduire ces moments où la nature vous submerge ?
Plage bleue, 2 min.
Musique d'Alper Maral, Verschiebung, interprétée par Guy Livingston.
Longues bandes de sable, traces de pas bleutés, reflets du ciel nocturne. L'eau glisse, l'écume ourle la vague, des enfants courent, un cargo illuminé file dans le lointain.
Nuit sur le canal de Tancarville, 5:30 min.
Musique composée et interprétée par Guy Livingston, Refinery Grid .
Illuminations nocturnes bordant le canal de Tancarville. Le monde industriel, ses effets de formes et de fumées sont présentés par un long travelling pris depuis une péniche.
La musique de Guy Livingston utilise le piano préparé. Inspirée de John Cage, elle révèle les incongruités de cette avancée fluviale, nocturne, un glissement dans l'inconnu.
Baudelaire, à propos de Boudin : « A la fin, tous ces nuages aux formes fantastiques et lumineuses, ces ténèbres chaotiques, ces immensités vertes et grises, suspendues et ajoutées les unes aux autres, ces fournaises béantes, ces firmaments de satin noir ou violet, fripé, roulé ou déchiré, ces horizons en deuil ou ruisselants de métal fondu, toutes ces profondeurs, toutes ces splendeurs me montèrent au cerveau comme une boisson capiteuse ou comme l’éloquence de l’opium ». 1859
Réalisateur
Sylvestre Meinzer
Musique
Guy Livingston
- Pastorale, Henri Woollett
- Gnossienne 2, Erik Satie
- Rectangular Music, Guy Livingston
- Prelude, Lionel Sainsbury
- Verschiebung, Alper Maral
- Refinery Grid, Guy Livingston
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