Tu rêves, Herbert !

Retour sur l’un des ateliers de l’été, programmé dans le cadre du cycle « Tu rêves, Herbert ! » destiné aux enfants, et en particulier sur celui que notre médiatrice avait joliment intitulé Petite histoire de nuit…
Le principe : Une peinture de l’exposition Nuits électriques, à regarder à plusieurs… Le décor est planté, plus qu’à les faire parler ces personnages sous la lumière… 
Une première phrase donnée aux enfants (ici en bleu !), puis à eux d’inventer la suite de l’histoire, en parlant chacun son tour devant un micro… Pas si simple quand on a 7 ans et une toute petite voix, ou 10 ou 12 ans et tant de choses à raconter !
Se lancer bien vite dans l’aventure, et accrocher ces petits fragments d’histoire de nuit comme des wagons tirés par une grosse locomotive, lancée à pleine vapeur…
Exercice plus que réussi, pour tous, et voilà le résultat !

Samedi 1er août

merci à Lou, 7 ans, Lisa, 7 ans, Tia, 9 ans, et Romane, 10 ans
 
Louis Hayet, La Parade, 1888, huile sur carton, 19,2 x 27,2 cm. Genève. © Studio Monique Bernaz
Louis Hayet, La Parade, 1888, huile sur carton, 19,2 x 27,2 cm. Genève. © Studio Monique Bernaz












Trop belle la fête !
Et si on accrochait des bulles à nos chapeaux…


Ils ont emprunté beaucoup d’argent à ma banque pour faire ça !

Moi c’est Valério et j’ai quarante ans.
J’adore cette fête ! C’est la meilleure de toutes mes fêtes !

Moi c’est Lili, je couds des habits pour le carnaval.

La fête est magnifique ! J’aimerais tant la revoir un jour…

Moi aussi je reviendrais bien la voir…

Je me demande comment on peut voir comme ça dans la nuit ?
Quel beau char avec Aphrodite dessus !

Tous ces sous demandés à ma banque, ce n’est pas pour rien !
Je l’aime vraiment cette fête !

Et puis comme ils sont drôles ces hommes déguisés en Poséidon !

Ces costumes sont magnifiques. Je les adore moi aussi.

Il en a fallu du tissu, pour les habiller tous !

Moi si j’étais grimpée sur un truc comme ça, je me prendrais pour une déesse.

C’est beau comme la lumière est mélangée à la nuit.

Ça me donne envie de danser, ces danseurs et tous ces voiles qui tourbillonnent !

Si je pouvais coudre toutes ces lumières, ça ferait un joli manteau pour la lune.

Toutes ces lumières…
J’aurais moins peur si je les avais toutes à côté de moi, la nuit, dans ma chambre.

Mes enfants, ils vont être très jaloux quand je vais leur raconter tout ce que j’ai vu,
demain matin.

Quand j’y pense, quand moi j’étais petit j’y voyais plus rien la nuit.
Je me cognais partout et c’était pas marrant du tout.

Quelle belle musique ! J’ai trop envie de danser !

Je m’en rappelle, moi, de cette musique, c’est celle que j’écoutais quand j’étais petite.

Terriblement jolie la musique, moi aussi je l’adore !
Et toutes ces fleurs qu’ils tiennent tous… elles sont trop belles !
Y en a plus que les étoiles dans le ciel.

Ces lumières, y en a encore plus que dans n’importe quel pays, j’en suis sûr.

Même les immeubles d’à côté ont été décorés !

Avec ces costumes, on dirait des papillons… Je les aime bien, moi.

C’est comme dans un rêve… C’est magique tellement c’est beau.

Quel monde féérique !
J’ai l’impression que je me transforme en fée,
tellement je suis emportée par la musique et toutes ces belles lumières.

J’aurais bien aimé le dessiner, ce spectacle, pour le garder un peu.
 

Mercredi 5 août

merci à Plume, 7 ans, Samuel, 7 ans, Jules, 9 ans, Elise, 10 ans, et Marie, 12 ans
 
Charles LACOSTE (1870-1959), La Main d’ombre, 1896, huile sur toile, 36 x 64,5 cm. Paris. © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski
Charles LACOSTE (1870-1959), La Main d’ombre, 1896, huile sur toile, 36 x 64,5 cm. Paris. © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski













Une drôle de nuit se préparait, c’est sûr…

Il était tard le soir, et je rentrais du travail… J’étais très fatigué et apeuré.

Je voyais une grosse Main d’ombre sortir des nuages…

J’avais tellement peur, que je me suis mis à crier !

Je croyais que la Main d’ombre allait nous arracher tous !

J’avais si faim, et j’avais hâte de rentrer à la maison.

J’avais raison ! La grosse Main elle a attrapé un de ceux qui venaient derrière…

Moi, j’avais l’impression que de longs doigts me grattaient le dos.

Je me suis mis à courir, et à crier encore !

J’y voyais presque rien, mais les lumières venaient de s’allumer…

J’avais l’impression d’entendre des gros bruits de géant dans mon dos.

Je me suis mis à crier, encore et encore, tellement j’avais peur !

J’étais pas le seul à crier. Toutes les ombres derrière moi courraient et s’affolaient…

Les eaux du fleuve commençaient à devenir noires et s’agitaient.

Je voyais des ombres qui commençaient à s’élever dans le ciel, prises par des doigts crochus.

Tout à coup, j’ai senti le sol trembler…

La Main m’attrapait presque, et j’ai hurlé !

J’avais l’impression que le pont n’en finissait pas…

Je me retournais parfois, et je voyais tous ces gens se faire attraper.

J’étais tellement fatigué que je me suis arrêté sur le côté. J’étais presque attrapé.

Soudain, j’ai senti que mes pieds se décollaient du sol…

C’était pas La Main qui me prenait… C’est moi qui me soulevait tout seul.

J’étais enfin au bout du pont, presque arrivé… quand La Main m’a pris par le pied !

J’ai vu la Main d’ombre noire au-dessus de ma maison.

Ma tête tournait, et j’ai cru m’évanouir.

C’était vraiment une drôle de nuit…
Je me suis réveillé en sursaut dans mon lit.

Je suis sorti de la maison, j’ai regardé dehors. Il n’y avait personne.

Je ne sais pas trop quoi penser de tout ça, mais je préfère ne pas y penser.

Je vais allumer un bon feu, et je vais manger de bonnes choses, bien chaudes, sur mon lit.
Des brocolis, un petit peu de viande et une bonne sauce… Hum… Ça a l’air bon !
Et pour le dessert, un bon gâteau… une part de géant !

Le réveil a sonné. Il le fallait bien… retraverser ce pont.
 

Vendredi 21 août

merci à Jules, 7 ans, Timothée, 9 ans, Mélody, 10 ans, et Louise, 11 ans
 
Ferdinand Loyen du Puigaudeau, La Lanterne magique ou Le Panorama du Czar à Paris, 1896, huile sur toile, 44 x 65 cm. Collection particulière. © Couton Veyrac Jamault- L’hôtel des ventes de Nantes
Ferdinand Loyen du Puigaudeau, La Lanterne magique ou Le Panorama du Czar à Paris, 1896, huile sur toile, 44 x 65 cm. Collection particulière. © Couton Veyrac Jamault- L’hôtel des ventes de Nantes
















C’était sûr, en regardant là-dedans, on allait vraiment voir du pays !

Oh là là c’est trop bien… Je vois la tour Eiffel !

Oh, et on voit la reconstruction de Notre-Dame…

La tour Eiffel est tout illuminée… C’est tellement joli !

Oh là là, tous ces magasins, tous ces endroits à visiter !
J’ai tellement envie d’être à cette époque…

On voit le Louvre… Et là aussi la tour Eiffel !

Tous ces monuments éclairés la nuit, c’est tellement merveilleux…

Oh là là, la lumière !

Et l’Opéra de Paris, qui illumine la France !

Les lumières se reflètent dans l’eau… C’est un magnifique spectacle.

Oh, le beau coucher de soleil !

Et là… Moi je vois qu’un jour on passera nos vacances sur le soleil.

La lune brille de mille feux… C’est étonnant.

Oh, et puis tous ces oiseaux, c’est tellement beau…

Et cette lune, elle est si belle !

C’est vrai que cette lune est très lumineuse… C’est étrange.

On voit des licornes dans la forêt !

C’est quoi ça ? Un ours polaire sur la plage ?

Dans le futur, il y aura des chauves-souris dorées !

Oh, il y a un phénix qui vole haut dans le ciel…

Toutes ces créatures merveilleuses et colorées… On dirait un Cirque des merveilles.

Ça change tellement de notre petite Bretagne….
Je les vois aussi ces créatures, ces merveilles !

Mais c’est quoi ça ? Un chat dans la galaxie ?

Tu as vu, il y a aussi des chiens et des gorilles.

Tiens, il y a des animaux qui parlent on dirait…

Les guépards sont dans le futur amis avec les lions.
Et en plus les gazelles suivent les guépards et leur courent après…

Depuis quand les animaux ça mange du chocolat ?

Non, là c’est trop pour moi ! Le futur est tellement merveilleux…
J’ai tellement hâte d’y être !

C’est la même chose que maintenant. C’est bizarre ça ne change pas…
Il y a le reflet du soleil dans l’eau.

Oui, mais c’est quand même merveilleux !
Même si j’ai l’impression que c’est encore plus merveilleux dans le futur…

Oh non, mais il est déjà tard…

Il pleut ! Il faut qu’on rentre chez nous.

Je préfère quand même être bien au chaud devant la cheminée,
et manger les bonnes choses de la boulangerie d’à côté,
me régaler avec toute ma famille…

Moi j’ai hâte de rentrer me blottir dans mon lit.

Ah c’est vrai, il faut que j’aille rendre visite à grand-mère…
Moi j’y vais, au revoir !

Moi aussi. Il faut que je voie mon papa.

Maintenant il fait nuit.
Les lumières s’éteignent. Qu’est-ce qu’il fait noir… Je rentre aussi.

On a qu’à rentrer chez nous, et un jour on vivra comme on a vu.
 

Samedi 22 août

Merci à Aenor, 6 ans, Adèle, 10 ans, et Perrine, 11 ans
 
Kees van Dongen, Le Carrousel, place Pigalle, 1901, huile sur toile, 45 x 53 cm. Toulouse. © RMN-Grand Palais / Mathieu Rabeau © ADAGP
Kees van Dongen, Le Carrousel, place Pigalle, 1901, huile sur toile, 45 x 53 cm. Toulouse. © RMN-Grand Palais / Mathieu Rabeau © ADAGP



















Ça vous dirait, là, tout de suite, un galop de cochons, dans un autre temps ?

Aujourd’hui ma mère a voulu nous emmener faire un tour de manège…

Moi aussi j’ai bien voulu venir et je lui ai dit de venir, à la petite.

Je regarde la lumière sur les cochons du manège…
Les étoiles brillent, et les lampadaires aussi.

Je me retrouve sur ce manège de cochons et il y a la musique douce et tendre…

La musique est douce et me berce.

La foule se presse autour du manège… Tout tourne !

Un tour de manège…
Et les cochons nous récupèrent pour nous emmener dans un autre univers.

Un cochon sort du manège et se roule dans une flaque.

Mon cochon exécute un dernier tour avant de s’envoler dans le ciel limpide.

Moi je traverse galaxies et systèmes solaires… Je vois toutes les étoiles… C’est tellement beau !

Mon cochon atterrit sur une planète… Il y a plein de fruits et d’arbres,
et aussi de l’eau si douce… c’est beau !

Et nous voilà repartis dans l’univers, à traverser le temps.

L’univers est en expansion.
Je vois les étoiles se créer d’une explosion de couleurs.

Je suis puissance et univers, d’un claquement de doigts je crée une galaxie !
Je vois la vie apparaître entre mes mains, fourmiller, se créer…

Mon cochon se transforme en étoiles… Une constellation…
Ce ne serait pas un cochon ?

Mon cochon vient me voir, et m’emmène quelque part.
Où tu m’emmènes, petit cochon ?

Le cochon m’emmène dans un univers plein d’instruments de musique…
Il m’amène devant une baie et je viens l’explorer.
Le cochon plonge avec moi et nous trouvons des poissons, et un récif de corail.

Moi je descends du cochon et il m’amène à un lac.
Je vais me baigner, et explorer les fonds sous-marins.

Nous apercevons une grotte sous le lac, et nous y allons toutes.
Nous voyons plein de coraux et poissons tropicaux !

Nous remontons à la surface, et mangeons pastèques, fraises et melons.

Moi je remonte sur mon cochon.
Il m’emmène autre part dans la galaxie et me fait signe de descendre.

Alors je descends.
Mais il n’y a même pas de planètes, et je suis en apesanteur… C’est tellement incroyable !

Il n’y a pas de vent dans cette galaxie et pourtant tu sens la brise sur tes doigts.

Je m’approche de cette galaxie moi aussi, et je vois les planètes se créer.

Nous jouons à touche-touche dans l’espace. C’est tellement amusant !

Tandis que je m’approche d’une planète bleue,
Mon cochon d’étoiles rosit et reprend sa forme.

Je remonte sur le cochon et je vois des continents se créer.
Il me ramène vers la Terre.

J’aperçois une ville et vient à mes oreilles la musique d’un manège.
Je me rapproche… Le cochon reprend sa place et redevient terre.

Mon cochon à moi fait demi-tour et de loin… Je vois le manège !

J’ai dit à mon cochon : « Regarde, là-bas c’est le manège ! Emmène-moi. »

Si il y a personne au manège,
le cochon me remonte dessus et me remet à ma place !

Je réentends la musique et je vois toutes les personnes, c’est tellement joli !

Mes parents viennent me voir, et je descends du cochon.

Au revoir petit cochon,
maintenant tu peux retourner dans ta flaque de boue.

Moi je descends de mon cochon, et me réveille.
C’était pourtant un beau rêve !

Petit cochon, te voilà redevenu statue sur un manège.
La musique se termine, le tour est terminé.

Oh petit cochon, dis-moi s’il te plaît que le tour n’est pas terminé !
 
Billet de blog du vendredi 28 août 2020

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