Collectionneurs

Eugène Boudin trouve au Havre ses premiers collectionneurs. Issus des milieux aisés, hauts fonctionnaires, médecins, négociants, bon nombre d’entre eux sont membres de la Société des Amis des Arts qui organise au Havre à partir de 1839, mais plus régulièrement à partir des années 1850, des expositions d’art contemporain. C’est pour eux que Boudin exécute, à ses débuts, des natures mortes, vendues à un prix très modeste et qu’il appelle des « tableaux de salle à manger », sans doute à cause de la place qu’on leur réservait dans les maisons bourgeoises. Mais Boudin comptera aussi parmi eux quelques fidèles et plus tard certains « toqués  de notre peinture » tel Pieter Van der Velde qui achètera jusqu’à 37 peintures à l’artiste qui entretiendra avec lui une correspondance suivie.

Boudin restera tout au long de sa carrière tributaire de marchands et de collectionneurs, toujours préoccupé de leurs avis, pestant souvent contre leur goût des tableaux « finis », qui le pousse à « virdousser » [vidourser] ses œuvres. Dans l’espoir de placer ses productions, il développe de nouvelles séries, aborde de nouveaux thèmes : les scènes de plage, les marines, la peinture animalière…

Beaucoup de collectionneurs ont acheté par l’intermédiaire de marchands et Boudin n’a donc pas souvent obtenu directement les bénéfices de ces ventes.
Boudin est présent dans la plupart des collections impressionnistes, à l’exception notable de celle du peintre et ami des impressionnistes, Gustave Caillebotte.
Au début du XXe siècle, trois collections importantes se constituent de manière similaire avant d’être léguées à des musées qui conservent donc aujourd’hui, grâce à ces amateurs, des fonds riches d’œuvres de Boudin :
  • Celle d’Henri Vasnier, directeur des Champagne Pommery, qui lègue entre autres 13 peintures de Boudin au musée de Reims.
  • Celle d’Henrich Liebig, qui fait fortune dans l’industrie textile, et qui lègue 17 peintures de Boudin au musée de sa ville natale, Liberec, en République tchèque.
  • Celle de la baronne São Joaquim, qui donne 20 peintures de Boudin à l’École des Beaux-Arts de Rio de Janeiro.
Plus récemment, la famille Mellon, l’une des plus riches des États-Unis, a permis l’entrée de plus de 40 œuvres de Boudin à la National Gallery de Washington.
Eugène BOUDIN (1824-1898), Côte de Bretagne, 1870, huile sur toile, 47,3 x 66 cm. Collection of Mr. and Mrs. Paul Mellon. © Washington, National Gallery of Art
Eugène BOUDIN (1824-1898), Côte de Bretagne, 1870, huile sur toile, 47,3 x 66 cm. Collection of Mr. and Mrs. Paul Mellon. © Washington, National Gallery of Art