Sur le pont

Cet été, à l'occasion de l'exposition « Pissarro dans les ports », le MuMa a mis à disposition du public un espace de détente et d'expression avec transats et lectures accessible depuis la bibliothèque et la salle de conférence. Découvrez ci-dessous des textes inspirés par ce dispositif...

Sur le musée

Au travers de l'impressionnante lucarne du hall, je peux distinguer le soleil, aujourd'hui timide. Il donne une lumière tamisée et discrète. Il joue à cache- trappe avec, pour et dans les nuages.
Je me sens d'une humidité bleue, mais claire, comme le ciel du jour.
Je ne suis pas chez moi et pourtant le vert de l'esplanade extérieure et le jaune sable du Signal, tous deux tendus face à la mer, me réchauffent à l'intérieur.
Passe un parapluie penché qui cache à ma vue le visage d'une inconnue.
Le petit phare de la jetée du Nord tente de rivaliser par sa primeur, sa verticalité et sa blancheur avec le sémaphore de l'Anse des Pilotes. Ce dernier le narguant fièrement dans son habit de lettres : " LE HAVRE PORTE DE L'EUROPE ".
Les deux bâtiments se partagent tour à tour les rayons solaires qui passent au hasard du vent, au travers de quelques nappes cotonneuses.
Le balancement atmosphérique entre ombre et clarté me laisse apercevoir un groupe bigarré d'impers et d'anoraks rouges, roses, flous, pastel, unis et dépareillés... Une farandole de petits et grands badauds prêts à affronter les courants havrais pour un moment de plénitude maritime et culturelle à l'extra et l'intra-MuMa. [17/06/13 - Charlotte Goupil]

Sensation de paquebot ancré au cœur de ce port d'attache que serait l'Anse des Pilotes.
Un navire à quai à l'année, à la décennie, au cinquantenaire.
On y accède par une petite passerelle, survolant ainsi de nombreux galets, quelques clapotis de pluie venant remuer la surface d'un lac miniature.
La quiétude et le respect habitent le lieu. Les notes de lumière qui parcourent l'architecture intérieure des murs sont modernes et apaisantes à la fois.
Le capitaine des lieux en est une. Elle en maintient la barre depuis maintenant une décade, semblerait-il. Le cap de la culture pour tous est ténu, mais bien tenu.
Les lattes du sol n'y sont pas celles d'un parquet flottant, mais bien les fondations de l'armature d'une coque en retraite paisible et heureuse. Un bâtiment confiant et bienveillant sur son présent et sur l'avenir de l'activité maritime qui l'environne.
Comme un cirque ne circulant plus aussi aisément qu'avant, ou alors si mais de par et grâce aux attentions sans cesse renouvelées de son jeune équipage passionné. Le musée ne cale plus, il est en cale sèche, mais il s'agit là d'une des plus belles et plus appréciées cales sèches du monde. [20/06/13 - Charlotte Goupil]

En ville mais ailleurs…

Installée ici "sur le pont" du musée, je jette en avant mon museau au coin de tous ces tableaux.
L'âme sereine et pleine de touches bleutées.
Le ciel havrais faisant écho à ceux d'Eugène ou de Camille. La même lumière, à quelques nuages prêts, et à des années d'écart.
Du Havre du jour à celui de Pissarro, il 'y a que quelques bateaux. Nous ne sommes pas à des années-lumière, puisque c'était en corps hier.
Je sens le doux vent marin tournoyer à mes oreilles, je l'entends me souffler au creux des cheveux.
Les mouettes, aujourd'hui, ont laissé place à quelques moineaux. Tels des petits mousses, ils doivent faire leur preuve en matière de vol iodé.
Ah, on a quand même droit à quelques rires bien placés de la part des habituées volatiles du coin.
Tiens...? Voilà un pigeon particulier ! Il imite, de par son roucoulement, le bouillonnement des bulles de la mini fontaine qui alimente en eau le lac miniature !
Après son envol, ce clapotement de vaguelettes me rend au romantisme et à l'accalmie de l'endroit.
Du haut du sémaphore, un oisillon appelle sa mère partie pêcher au large. Il lui réclame de lui apprendre à faire de même et trépigne d'impatience, perché mais cloué au sol de la tour de contrôle.
Les portes baillantes du bâtiment muséal s'ouvrent et se referment au gré-ement des passants devenus pour l'heure des visiteurs.
Elles couinent de plaisir à leur arrivée, et chouinent de chagrin de les voir repartir.
Mais les joyeux échanges et petits débats entendus sur la passerelle reliant ville, port et musée, nous promettent encore une ouverture belle et pleine sur toujours plus d'arts et de peintures. [18/08/13 - Charlotte Goupil]
Billet de blog du mardi 24 septembre 2013

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